QUI ETAIT ANNE CATHERINE EMMERICH ?

La plus grande visionnaire de tous les temps

 

VIE ET EVANGILE DE JESUS-CHRIST, JOUR APRES JOUR

 

La Visitation.

Marie et Joseph décident d'aller visiter Elisabeth.
Fragments du voyage de Marie et Joseph.
Poursuite du voyage après la fête de Pâques.
Accueil par Elisabeth et Zacharie.
Première semaine du séjour chez Elisabeth et Zacharie.
Miracle pour Zacharie et explications sur le Magnificat.
Retour de Joseph à Nazareth et suite du séjour de Marie à Juttah.
Arrivée de Joseph à Nazareth.
Naissance de Jean-Baptiste.
Marie revient à Nazareth.
Joseph rassuré par un ange.

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Remarque sur la chronologie de la Visitation.

Auparavant, l'Eglise fêtait la Visitation de la Sainte Vierge Marie à sa cousine Elisabeth le 2 juillet de l'année liturgique. Aujourd'hui, cette fête est célébrée le 31 mai. Il n'est pas possible de dater historiquement les journées qui suivent.

L'Annonciation a eu lieu le (dimanche) 25 février (5 Adar); Pâque a probablement eu lieu vers le (vendredi) 6 avril (15 Nissan) et comme le dit la sœur : "Comme on approchait du temps où Joseph devait se rendre à Jérusalem pour la fête de Pâques, elle [Marie] désira l'accompagner " Il semble que le temps écoulé entre l'Annonciation et l'arrivée de Marie et Joseph chez Zacharie et Elisabeth, après la fête de Pâques, soit assez long : environ 7 semaines. Le séjour à Jérusalem n'est pas vu mais seulement évoqué. Pourrait-il y avoir eu confusion entre Pâques et la fête de Pourim (qui commémore les événements décrits dans le Livre d’Esther) le mardi 6 mars (14 Adar) ? Cela semble peu probable, Pourim n'étant pas une fête de pèlerinage.

Pour la naissance de Jean-Baptiste, la sœur révèle : "la naissance de Jean-Baptiste aurait eu lieu à la fin de mai ou au commencement de juin."

 

Carte d'Israël


Lieux cités lors des déplacements de la sainte Famille de Nazareth à Juttah.

La position des villes est indicative et réalisée à partir des cartes publiées par les éditions Téqui dans la dernière édition en trois volumes de "VISIONS d'Anne Catherine EMMERICH sur la vie de notre Seigneur Jésus-Christ et de la Sainte Vierge Marie - La douloureuse Passion et l'établissement de l'Eglise par les apôtres"

 

En mars (Adar) de l'an -5

 

annne catherine emmerich

Marie et Joseph décident d'aller visiter Elisabeth.

LUC 1: 39.En ce temps-là, Marie partit en hâte pour se rendre dans le haut pays, dans une ville de Juda. (TOB)

 

Quelques jours après l'Annonciation de l'ange à Marie, saint Joseph revint à Nazareth et il fit certains arrangements dans la maison pour pouvoir exercer son métier, car il n'avait pas encore été à demeure à Nazareth, où il avait passé à peine deux jours. Il ne savait rien de l'incarnation de Dieu dans Marie ; elle était la mère du Seigneur, mais elle était aussi la servante du Seigneur et gardait humblement son secret.

La sainte Vierge, lorsqu'elle sentit que le Verbe s'était fait chair en elle, éprouva un grand désir d'aller tout de suite à Juttah, près d'Hébron, visiter sa cousine Élisabeth, que l'ange lui avait dit être enceinte depuis six mois. Comme on approchait du temps où Joseph devait se rendre à Jérusalem pour la fête de Pâques, elle désira l'accompagner pour aller assister Elisabeth pendant sa grossesse. Joseph se mit donc en route pour Juttah avec la sainte Vierge.

 

Fragments du voyage de Marie et Joseph.

La sœur Emmerich raconta les détails suivants du voyage de Joseph et de Marie ; mais il y a dans ses récits beaucoup de lacunes, causées par son état de maladie et par des dérangements continuels. Elle ne raconta pas le départ, mais pendant quelques jours consécutifs différentes scènes de voyage que nous communiquons ici.

[1er et 2 juillet 1820] Leur route se dirigeait vers le midi ; ils avaient avec eux un âne sur lequel Marie montait de temps en temps. Il portait quelques effets, entre autres un sac appartenant à Joseph, où se trouvait une longue robe brune de la sainte Vierge avec une espèce de capuchon. On l'attacha sur le cou de l'âne. Marie mettait cet habit quand elle allait au temple ou à la synagogue. En voyage elle portait une tunique de laine brune, une robe grise avec une ceinture par-dessus, et une coiffe tirant sur le jaune.

Ils voyageaient assez vite. Je les vis, après avoir traversé la plaine d'Esdrelon, dans la direction du midi, gravir une hauteur et entrer dans la ville de Dothan, chez un ami du père de Joseph. C'était un homme assez riche, originaire de Bethléhem. Le père de Joseph l'appelait son frère, quoiqu'il ne le fût pas ; mais il descendait de David par un homme qui était aussi roi, à ce que je crois, et qui s'appelait Éla ou Eldoa, ou Eldad, je ne sais plus bien lequel. Cet endroit était très commerçant.

La sœur Emmerich vit Jésus, le 2 novembre (12 Marcheswan) de sa trente et unième année, dans cette même maison de Dothan où il guérit de l'hydropisie un homme de cinquante ans, nommé Issachar, mari de Salomé, la fille des maîtres de cette maison. A cette occasion Issachar parla du séjour qu'y avaient fait Marie et Joseph. Le rejeton de David que la sœur nomme Eldoa ou Eldad, et par lequel le père de cette Salomé était parent de saint Joseph, pourrait bien être Elioda ou Eliada, fils de David cité dans le second livre des rois, V, 16 [ou 2 SAMUEL 5:16...] Les noms propres en hébreu ont en général une signification précise ; mais comme un seul et même sens peut s'exprimer de différentes manières dans la langue hébraïque, les mêmes personnes portent souvent différents noms. Ainsi nous trouvons un fils de David appelé tantôt Elischna " Dieu aide ", tantôt Elischama " Dieu entend ". Ainsi Eldea ou Eldoa peut aussi bien signifier " Dieu vient " qu'Eliada. La mention peu précise que ce rejeton de David aurait été roi, ne doit point étonner, car il est indubitable que des fils ou petits-fils de David eurent le gouvernement de certains pays dépendant du royaume d'Israël.

Je les vis une fois passer la nuit sous un hangar ; puis, comme ils étaient encore à douze lieues de la demeure de Zacharie, je les vis un soir dans un bois sous une cabane de branchages, toute recouverte de feuillage vert avec de belles fleurs blanches. On trouve souvent dans ce pays, au bord des routes, de ces cabanes de verdure ou même des bâtiments plus solides dans lesquels les voyageurs peuvent passer la nuit ou se rafraîchir et apprêter les aliments qu'ils ont avec eux. Une famille du voisinage a la surveillance de plusieurs abris de ce genre et fournit plusieurs choses nécessaires moyennant une modique rétribution.

 

Dimanche 15 avril (24 Nissan) de l'an -5

 

Poursuite du voyage après la fête de Pâques.

Ici il semble y avoir une lacune dans le récit. Vraisemblablement la sainte Vierge alla avec Joseph à Jérusalem pour la fête de Pâques, et ce n'est que de là qu'elle se rendit chez Elisabeth, car il est dit plus haut que Joseph allait à la fête, et plus loin que Zacharie était revenu chez lui après les fêtes de Pâques la veille de la visitation de Marie.

De Jérusalem ils n'allèrent pas tout droit à Juttah, mais ils firent un détour vers le levant pour voyager plus solitairement. Ils contournèrent une petite ville à deux lieues d'Emmaüs, et prirent alors des chemins que Jésus suivit souvent pendant ses années de prédication. Ils eurent ensuite deux montagnes à franchir. Entre ces deux montagnes je les vis une fois se reposer, manger du pain et mêler dans leur eau des gouttes de baume qu'ils avaient recueillies pendant le voyage. Le pays ici était très montagneux. Ils passèrent devant des rochers qui étaient plus larges d'en haut que d'en bas ; on voyait aussi là de grandes cavernes dans lesquelles étaient toutes sortes de pierres singulières. Les vallées étaient très fertiles.

Leur chemin les conduisit encore à travers des bois, des landes, des prés et des champs. Dans un endroit assez rapproché du terme du voyage, je remarquai particulièrement une plante qui avait de jolies petites feuilles vertes et des grappes de fleurs, formées de neuf clochettes roses fermées.

Il y avait là quelque chose dont j'avais à m'occuper, mais j'ai oublié de quoi il s'agissait.

Cette fleur avec neuf clochettes, avait peut-être pour la sœur un rapport mystique aux neuf mois que le Seigneur passa dans le sein de sa mère ; peut-être aussi y vit-elle le symbole de quelque dévotes ou exercice de piété se rattachant a la fête de la Visitation [...] Quand elle dit qu'elle a à s'occuper de quelque chose qu'elle a oublié touchant ces fleurs campaniformes ; il s'agit peut-être d'une méditation sur le Cantique des Cantiques (I, 13). Comme en ce moment le bien-aimé était encore sous le cœur virginal de sa mère, elle célébrait peut-être, en contemplant les capsules de cet arbrisseau, le degré de développement du Verbe fait chair, et cette méditation pouvait être d'autant plus féconde, que la grappe odorante des fleurs de cypre s'appelle en hébreu grappe de kopher, c'est-à-dire grappe de la réconciliation, et c'est pourquoi quelques commentateurs trouvent dans les paroles : "Mon bien-aimé est pour moi une grappe de cypre," le sens suivant : "Mon bien-aimé a donné pour moi la grappe sanglante de la réconciliation".

 

Accueil par Elisabeth et Zacharie.

LUC 1: 40.Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Elisabeth.
41.Or, lorsque Elisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant bondit dans son sein et Elisabeth fut remplie du Saint Esprit.
42. Elle poussa un grand cri et dit : « Tu es bénie plus que toutes les femmes, béni aussi est le fruit de ton sein !
43.Comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ?
44.Car lorsque ta salutation a retenti à mes oreilles, voici que l’enfant a bondi d’allégresse en mon sein.
45.Bienheureuse celle qui a cru : ce qui lui a été dit de la part du Seigneur s’accomplira ! »
46.Alors Marie dit : « Mon âme exalte le Seigneur
47.et mon esprit s’est rempli d’allégresse à cause de Dieu, mon Sauveur,
48.parce qu’il a porté son regard sur son humble servante. Oui, désormais, toutes les générations me proclameront bienheureuse,
49.parce que le Puissant a fait pour moi de grandes choses : saint est son Nom.
50.Sa bonté s’étend de génération en génération sur ceux qui le craignent.
51.Il est intervenu de toute la force de son bras ; il a dispersé les hommes à la pensée orgueilleuse ;
52.il a jeté les puissants à bas de leurs trônes et il a élevé les humbles ;
53.les affamés, il les a comblés de biens et les riches, il les a renvoyés les mains vides.
54.Il est venu en aide à Israël son serviteur en souvenir de sa bonté,
55.comme il l’avait dit à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa descendance pour toujours. »
(TOB)

 

Une partie des visions qui suivent furent communiquées lors de la fête de la Visitation. en juillet 1820 ; d'autres se présentèrent à elle dans une contemplation où elle entendit Eliud, un vieil Essénien de Nazareth, qui accompagnait Jésus allant se faire baptiser par saint Jean au mois de septembre de la première année de la prédication, raconter plusieurs choses relatives aux parents et à la première jeunesse du Sauveur, car il était en relations intimes avec la sainte Famille.

[1er et 2 juillet 1820] La maison de Zacharie était sur une colline isolée. Il y avait alentour des groupes de maisons. Un ruisseau assez fort descendait de la montagne.
Il me sembla que c'était le moment où Zacharie revenait chez lui de Jérusalem après les fêtes de Pâques. Je vis Elisabeth, poussée par un désir inquiet, aller assez loin de sa maison sur la route de Jérusalem, et Zacharie qui revenait, tout effrayé de la rencontrer à une si grande distance de chez elle dans la situation où elle se trouvait. Elle lui dit qu'elle avait le cœur très agité, et qu'elle était poursuivie par la pensée que sa cousine, Marie de Nazareth, venait la voir. Zacharie chercha à lui faire perdre cette idée ; il lui fit entendre par signes et en écrivant sur une tablette combien il était peu vraisemblable qu'une nouvelle mariée entreprit en ce moment un si grand voyage. Ils revinrent ensemble à la maison.

Elisabeth ne pouvait renoncer à son espérance, car elle avait appris en songe qu'une femme de son sang était devenue la mère du Messie promis. Elle avait pensé alors à Marie, avait conçu un ardent désir de la voir et l'avait vue en esprit venant vers elle. Elle avait préparé dans sa maison, à droite de l'entrée, une petite chambre avec des sièges. C'était là qu'elle était assise le lendemain, toujours dans l'attente, et regardant si Marie arrivait. Bientôt elle se leva et s'en alla sur la route au-devant d'elle.

Élisabeth était une femme âgée, de grande taille ; elle avait je visage petit et de jolis traits ; sa tête était enveloppée. Elle ne connaissait la sainte Vierge que de réputation. Marie, la voyant de loin, connut que c'était elle, et s'en alla en toute hâte à sa rencontre, précédant saint Joseph, qui discrètement resta en arrière. Marie fut bientôt parmi les maisons voisines dont les habitants, frappés de sa merveilleuse beauté et émus d'une certaine dignité surnaturelle qui était dans toute sa personne, se retirèrent respectueusement quand elle rencontra Élisabeth. Elles se saluèrent amicalement en se tendant la main. En ce moment, je vis un point lumineux dans la sainte Vierge, et comme un rayon de lumière qui partait de là vers Élisabeth, et dont celle-ci reçut une impression merveilleuse. Elles ne s'arrêtèrent pas en présence des hommes ; mais, se tenant par le bras, elles gagnèrent la maison par la cour placée en avant ; à la porte de la maison, Élisabeth souhaita encore la bienvenue à Marie, et elles entrèrent.

Joseph, qui conduisait l'âne, arriva dans la cour, remit l'animal à un serviteur et alla chercher Zacharie dans une salle ouverte sur le côté de la maison. Il salua avec beaucoup d'humilité le vieux prêtre ; celui-ci l'embrassa cordialement et s'entretint avec lui au moyen de la tablette sur laquelle il écrivait, car il était muet depuis que l'ange lui avait apparu dans le temple.

Marie et Élisabeth, entrées par la porte de la maison, se trouvèrent dans une salle qui me parut servir de cuisine. Ici elles se prirent par les bras. Marie salua Élisabeth très amicalement, et elles appuyèrent leurs joues l'une contre l'autre. Je vis alors quelque chose de lumineux rayonner de Marie jusque dans l'intérieur d'Élisabeth ; celle-ci en fut tout illuminée ; son cœur fut agité d'une sainte allégresse et profondément ému. Elle se retira un peu en arrière en élevant la main, et pleine d'humilité, de joie et d'enthousiasme, elle s'écria :

" Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni. D'où me vient ceci que la mère de mol Seigneur vienne à moi ? Voici qu'aussitôt que la voix de votre salutation est venue à mes oreilles, l'enfant que je porte a tressailli de joie dans mon sein. vous êtes heureuse d'avoir cru : ce qui vous a été dit par le Seigneur s'accomplira ".

Après ces dernières paroles, elle conduisit Marie dans la petite chambre préparée pour elle, afin qu'elle pût s'asseoir et se reposer des fatigues de son voyage. Il n'y avait que deux pas à faire jusque-là. Mais Marie quitta le bras d'Élisabeth qu'elle avait pris, croisa ses mains sur sa poitrine et commença le cantique inspiré :

"Mon âme glorifie le Seigneur, et mon esprit est ravi de joie en Dieu mon sauveur, parce qu'il a regardé la bassesse de sa servante ; car voilà que tous les siècles m'appelleront bienheureuse, parce que Celui qui seul est puissant a fait en moi de grandes choses, et son nom est saint, et sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. Il a déployé la puissance de son bras ; il a dissipé ceux qui étaient enflés d'orgueil dans les pensées de leur cœur, il a renversé les puissants de leur trône, et il a élevé les humbles. Il a rassasié les affamés, et il a renvoyé les riches avec les mains vides. Il a pris en sa protection Israël, son serviteur, s'étant souvenu de sa miséricorde, selon la promesse qu'il avait faite à nos pères, à Abraham et à sa postérité, pour toute la suite des siècles".

Lorsque le vieil Eliud, dans la circonstance indiquée plus haut, s'entretint de cet événement avec Jésus, je l'entendis expliquer d'une manière admirable tout ce cantique de Marie ; mais je ne me sens pas en état de répéter cette explication.

Je vis qu'Élisabeth répétait tout bas le Magnificat avec un semblable mouvement d'inspiration ; ensuite elles s'assirent sur des sièges très bas ; il y avait sur une petite table, peu élevée aussi, un petit verre placé devant elles.

Combien j'étais heureuse ! j'ai répété avec elles toutes leurs prières, et je me suis assise à peu de distance. Oh ! combien j'étais heureuse !

Ce nom d'une forme connue de la prière chrétienne ne doit pas nous surprendre dans un récit qui est encore de l'Ancien Testament. La forme des litanies existait longtemps avant la naissance de Jésus-Christ ; ainsi le psaume 135 (dans l'hébreu, 136) est une véritable litanie. Il en est de même d'une partie du psaume 117 (118 dans l'hébreu) et de plusieurs autres.

La sœur Emmerich raconta ce qui était arrivé le jour précédent. Après midi, elle dit dans son sommeil :

Joseph et Zacharie sont ensemble ; ils s'entretiennent de la venue prochaine du Messie et de l'accomplissement des prophéties. Zacharie est un grand et beau vieillard, habillé en prêtre ; il répond toujours par signes ou en écrivant sur une tablette. Ils sont assis sur le côté de la maison dans une salle ouverte qui a vue sur le jardin.

Marie et Élisabeth sont assises dans le jardin, sur un tapis, sous un grand arbre, derrière lequel est une fontaine d'où l'eau sort quand on retire une bonde. Je vois tout autour du gazon et des fleurs, et des arbres avec de petites prunes jaunes. Elles mangent ensemble des fruits et des petits pains tirés de la besace de Joseph. Quelle simplicité et quelle frugalité touchantes ! il y a dans la maison deux servantes et deux serviteurs ; je les vois aller et venir. Ils apprêtent sous un arbre une table avec des aliments. Zacharie et Joseph viennent et mangent quelque chose. Joseph voudrait revenir tout de suite à Nazareth ; mais il restera huit jours. Il ne sait rien de l'état de grossesse de la sainte Vierge. Marie et Élisabeth se taisaient là-dessus. Il y avait dans leur intérieur comme une entente secrète et profonde de l'une à l'autre.

Plusieurs fois le jour, spécialement avant les repas, quand tous étaient ensemble, les saintes femmes disaient des espèces de litanies ; Joseph priait avec elles.

[E]t je vis ensuite apparaître une croix entre elles. Il n'y avait pourtant pas encore de croix : c'était comme si deux croix se fussent visitées.

 

Lundi 16 avril (25 Nissan) de l'an -5

 

Première semaine du séjour chez Elisabeth et Zacharie.

Le 3 juillet [1820], elle raconta ce qui suit :

Hier soir, ils ont mangé tous ensemble ; ils restèrent assis jusque vers minuit, près d'une lampe, sous l'arbre du jardin. Je vis ensuite Joseph et Zacharie seuls dans un oratoire. Je vis Marie et Élisabeth dans leur petite chambre ; elles se tenaient debout, vis-à-vis l'une de l'autre, comme ravies en extase, et disaient ensemble le Magnificat.

Outre le vêtement décrit plus haut, la sainte Vierge avait comme un voile noir transparent qu'elle baissait quand elle parlait à des hommes. Aujourd'hui, Zacharie a conduit saint Joseph dans un autre jardin séparé de la maison. Zacharie est en toutes choses plein d'ordre et de ponctualité. Ce jardin est abondant en beaux arbres et produit des fruits de toute espèce ; il est très bien tenu ; il est traversé par une allée en berceau, sous laquelle on est à l'ombre ; à l'extrémité du jardin, se trouve cachée une petite maison de plaisance dont la porte est sur le côté. Dans le haut de cette maison, sont des ouvertures fermées avec des châssis ; il y a un lit de repos en nattes, recouvert de mousses ou d'autres herbes ; je vis aussi là deux figures blanches de la grandeur d'un enfant ; je ne sais pas comment elles étaient là, ni ce qu'elles représentaient ; mais je trouvais qu'elles ressemblaient à Zacharie et à Élisabeth, seulement beaucoup plus jeunes.

J'ai vu aujourd'hui, dans l'après-midi, Marie et Élisabeth occupées ensemble dans la maison. La sainte Vierge prenait part à tous les soins du ménage ; elle préparait toute sorte d'effets pour l'enfant qu'on attendait. Je les vis travailler ensemble ; elles tricotaient une grande couverture pour le lit d'Élisabeth lorsqu'elle serait accouchée. Les femmes juives se servaient de couvertures de ce genre ; il y avait au milieu une espèce de poche, disposée de façon que l'accouchée put s'envelopper tout entière avec son enfant ; elle s'emmaillotait là dedans, soutenue par des coussins, et pouvait à volonté se mettre sur son séant ou rester couchée. Sur le bord de cette couverture étaient des fleurs et des sentences brodées à l'aiguille. Marie et Elisabeth préparaient aussi toutes sortes d'objets qui devaient être donnés aux pauvres à la naissance de l'enfant.

Je vis sainte Anne, pendant l'absence de la sainte Famille, envoyer souvent sa servante dans la maison de Nazareth pour voir si tout y était en ordre ; je l'ai vue aussi y aller une fois elle-même.

 

Mardi 17 avril (26 Nissan) de l'an -5

 

Le 4 juillet, elle raconta ce qui suit :

Zacharie est allé avec Joseph se promener dans les champs. La maison est isolée sur une colline ; c'est la plus belle maison qu'il y ait dans la contrée ; d'autres sont dispersées tout autour. Marie est un peu fatiguée ; elle est seule avec Elisabeth à la maison.

 

Mercredi soir 18 avril (28 Nissan) de l'an -5

 

Le 5 juillet, elle dit :

J'ai vu Zacharie et Joseph passer la nuit d'aujourd'hui dans le jardin, situé à quelque distance de la maison. Je les vis tantôt dormir dans la petite maison qui est là, tantôt prier en plein air ; ils revinrent au point du jour. Je vis Élisabeth et la sainte Vierge à la maison ; tous les matins et tous les soirs, elles répétaient ensemble le cantique Magnificat, dicté par le Saint Esprit à Marie après la salutation d'Élisabeth.

La salutation de l'ange fut pour Marie comme une consécration qui faisait d'elle l'Église de Dieu. Lorsqu'elle prononça ces mots : "Voici la servante du Seigneur, qu'il me soit fait selon votre parole", le Verbe divin, salué par l'Église, salué par sa servante, entra en elle ; dès lors, Dieu fut dans son temple, Marie fut le temple et l'Arche d'alliance du Nouveau Testament. La salutation d'Elisabeth, le tressaillement de Jean dans le sein de sa mère, furent le premier culte rendu devant ce sanctuaire. Lorsque la sainte Vierge entonna le Magnificat, l'Église de la nouvelle alliance, du nouveau mariage, célébra, pour la première fois, l'accomplissement des promesses divines de l'ancienne alliance, de l'ancien mariage, récitant en actions de grâces un Te Deum laudamus. Qui pourrait dignement exprimer combien était touchant à voir l'hommage rendu par l'Église à son Sauveur dés avant sa naissance.

Cette nuit, pendant que je voyais prier les saintes femmes, j'ai eu plusieurs intuitions et explications relatives au Magnificat et à l'approche du Saint Sacrement dans la situation présente de la sainte Vierge. Mon état de souffrance et de nombreux dérangements sont cause que j'ai oublié presque tout ce que j'ai vu. Au passage du Magnificat : "il a fait éclater la puissance de sas bras," j'ai vu différents tableaux figuratifs du Saint-Sacrement de l'autel dans l'Ancien Testament. Il y avait entre autres un tableau d'Abraham sacrifiant Isaac, et d'Isaïe annonçant à un méchant roi quelque chose dont celui-ci se moquait ; je l'ai oublié. J'ai vu bien des choses depuis Abraham jusqu'à Isaïe, et depuis celui-ci jusqu'à la sainte vierge Marie, et j'y ai toujours vu le Saint Sacrement s'approchant de l'Eglise de Jésus-Christ, qui, lui-même, reposait encore dans le sein de sa mère.

Quand la sœur Emmerich eut dit ceci, elle récita les litanies du Saint Esprit et l'hymne Veni, sancte Spiritu., et s'endormit en souriant. Au bout de quelque temps, elle dit d'un ton très animé :

"Je ne dois plus rien faire aujourd'hui, ni laisser entrer personne chez moi, car je dois revoir tout ce que j'avais oublié. Si je puis être tout à fait tranquille, je pourrai connaître et raconter le mystère de l'Arche d'alliance, le Saint sacrement de l'ancienne alliance. J'ai vu cette époque du repos, c'est une belle époque. J'ai vu près de moi l'écrivain, je dois donc apprendre beaucoup de choses".

Pendant qu'elle parlait ainsi, son visage s'animait et rougissait dans son sommeil comme je visage d'un enfant ; elle retira de dessous la couverture ses mains marquées des stigmates et dit :

Il fait bien chaud là où est Marie, dans la terre promise. Ils vont tous dans le jardin où est la maisonnette, d'abord Zacharie et Joseph, puis Élisabeth et Marie ; on a tendu une toile sous l'arbre comme pour faire une tente : il y a, d'un côté, des sièges très bas avec des dossiers.

 

Jeudi soir 19 avril (29 Nissan) de l'an -5

 

Miracle pour Zacharie et explications sur le Magnificat.

MATTHIEU 1: 17.Le nombre total des générations est donc : quatorze d’Abraham à David, quatorze de David à la déportation de Babylone, quatorze de la déportation de Babylone au Christ. (TOB)

Le jour suivant, elle dit : Ainsi que cela m'avait été promis, j'avais vu de nouveau tout ce que j'avais oublié. J'étais toute joyeuse de pouvoir raconter tant de choses merveilleuses sur les patriarches et l'Arche d'alliance ; mais il y a eu sans doute dans cette joie quelque chose contre l'humilité, car Dieu ne permet pas que je puisse raconter avec ordre et expliquer clairement tout cela.

Voici ce qu'elle dit le vendredi 6 juillet :

Je vis hier soir Élisabeth et la sainte Vierge se rendre au jardin éloigné de la maison de Zacharie. Elles avaient des fruits et des petits pains dans des corbeilles, et voulaient passer la nuit dans cet endroit. Quand Joseph et Zacharie y vinrent plus tard, je vis la sainte Vierge aller à leur rencontre. Zacharie avait sa petite tablette mais il faisait trop sombre pour qu'il pût écrire, et je vis Marie, poussée intérieurement par le Saint Esprit, lui dire qu'il parlerait cette nuit, et qu'il pouvait laisser là sa tablette, parce qu'il serait bientôt en état de s'entretenir avec Joseph et de prier avec lui.

Très surprise de cela, je secouais la tête et je refusais d'admettre qu'il en fût ainsi ; mais mon ange gardien ou le guide spirituel qui est toujours près de moi, me dit, en me faisant signe de regarder d'un autre côté :

"Tu ne veux pas croire cela, regarde donc ce qui se passe par ici".

Je vis alors du côté qu'il m'indiquait un tout autre tableau, d'une époque très postérieure.

Je vis le saint ermite Goar dans un endroit où on avait coupé du blé. Il parlait à des messagers d'un évêque mal disposé à son égard, et ces hommes aussi ne lui voulaient pas de bien. Quand il les eut accompagnés jusque chez l'évêque, je le vis chercher un crochet pour y suspendre son manteau. Comme il vit alors un rayon de soleil qui pénétrait par une ouverture du mur, dans la simplicité de sa foi, il attacha son manteau à ce rayon, et le manteau resta ainsi suspendu en l'air.

Note: Sa fête tombait le 6 juillet, jour où la sœur Emmerich communiquait ceci, et l'écrivain ne le savait pas. Quand il l'apprit en jetant par hasard les yeux sur le calendrier, il trouva là une nouvelle confirmation de cette relation entre toutes ses visions et les fêtes correspondants de l'Eglise qui avait si souvent surpris et singulièrement touché.

Le prêtre saint Goar, originaire d'Aquitaine, établit au sixième siècle prés de l'embouchure du Mochenbach dans le Rhin (près de la petite ville actuelle de Saint Goar). Il y vécut en anachorète et convertit à la foi chrétienne beaucoup de païens auxquelles il avait eu l'occasion de donner l'hospitalité. Il fut mandé devant l'évêque Rusticus de Trèves sur une fausse accusation de mauvaises mœurs, et ce fut alors qu'eut lieu le miracle montré à la sœur Emmerich pour lui prouver la puissance de la loi simple Rusticus accusa saint Goar de sorcellerie, mais un autre miracle qu'il lui demanda comme preuve de son innocence excita chez le prélat une telle confusion, qu'il se jeta aux pieds du saint, avouant sa faute et lui demandant pardon. Saint Goar, de retour dans son ermitage et pressé à plusieurs reprises par Sigebert, roi d'Austrasie, d'accepter le siège épiscopal de Trèves, pria Dieu de le retirer du monde. Il fut exaucé vers la fin du sixième siècle.

Je fus émerveillé de ce miracle produit par la simplicité de la foi, et ne m'étonnai plus d'entendre parler Zacharie, puisque cette grâce lui arrivait par le moyen de la sainte Vierge, dans laquelle Dieu lui-même habitait. Mon guide me parla alors de ce qu'on appelle miracle ; je me souviens qu'il me dit, entre autres choses :

"Une confiance entière en Dieu, avec la simplicité d'un enfant, donne à tout l'être et la substance". (Voir Hébr.IX,1)

Ces paroles me donnèrent de grandes lumières intérieures sur tous les miracles, mais je ne puis m'expliquer bien clairement sur cela.

Je vis alors les quatre saints personnages passer la nuit dans le Jardin . ils s'assirent et mangèrent un peu, puis je les vis marcher deux à deux, s'entretenir eu priant, et entrer alternativement dans la petite maison pour y prendre du repos. J'appris aussi qu'après le sabbat Joseph retournerait à Nazareth, et que Zacharie l'accompagnerait à quelque distance ; il faisait clair de lune et le ciel était très pur.

Je vis ensuite, pendant la prière des deux sainte. femmes, une partie du mystère concernant le Magnificat ; je dois tout revoir samedi, veille de l'octave de la Fête, et je pourrai alors en dire quelque chose. Je ne puis maintenant communiquer que ce qui suit : le Magnificat est un cantique d'actions de grâces pour l'accomplissement de la bénédiction mystérieuse de l'ancienne alliance.

Pendant la prière de Marie, je vis successivement tous ses ancêtres. Il y avait, dans la suite des siècles, trois fois quatorze couples d'époux qui se succédaient et dans lesquels le père était toujours le rejeton du mariage précédent ; de chacun de ces couples, je vis sortir un rayon de lumière qui se dirigeait sur Marie pendant qu'elle était en prières.

Tout ce tableau grandit devant mes yeux comme un arbre avec des branches de lumière qui allaient toujours s'embellissant, et je vis enfin à une place marquée de cet arbre lumineux la chair et le sang purs et sans tache de Marie, desquels Dieu devait former son humanité, se montrer dans une lumière de plus en plus vive. Je priai alors, pleine de joie et d'espérance, comme un enfant qui verrait croître devant lui l'arbre de Noël. Tout cela était une image de l'approche de Jésus Christ selon la chair et de son très saint sacrement ; c'était comme si j'avais vu mûrir le froment pour former le pain de vie dont je suis affamée. Cela ne peut s'exprimer. Je ne puis pas trouver de paroles pour dire comment s'est formée la chair dans laquelle le Verbe s'est fait chair ; comment pourrait s'y prendre pour cela une pauvre créature humaine qui est encore dans cette chair dont le Fils de Dieu et de Marie a dit que la chair ne sert de rien et que l'esprit seul vivifie ; lui qui a dit encore que ceux-là seuls qui se nourrissent de sa chair et de son sang auront la vie éternelle, et seront ressuscités par lui au dernier jour. Sa chair et son sang sont seuls la vraie nourriture, ceux-là seuls qui prennent cette nourriture demeurent en lui et lui en eux.

Je ne puis exprimer comment j'ai vu, depuis le commencement, l'approche successive de l'incarnation de Dieu, et, avec elle, l'approche du Saint Sacrement de l'autel se manifestant de génération en génération, puis une nouvelle série de patriarches, représentants du Dieu vivant qui réside parmi les hommes comme victime et comme nourriture, jusqu'à son second avènement au dernier jour, dans l'institution du sacerdoce, que l'Homme-Dieu, le nouvel Adam, chargé d'expier la faute du premier, a transmis à ses apôtres, et ceux-ci par l'imposition des mains aux prêtres qui leur ont succédé pour former une semblable succession non interrompue de génération de prêtres en génération de prêtres. Tout cela m'a fait connaître que la récitation de la généalogie de Notre Seigneur devant le Saint Sacrement, à la Fête-Dieu, renferme un grand et profond mystère ; j'ai aussi connu, par là, que de même que, parmi les ancêtres de Jésus-Christ, selon la chair, plusieurs ne furent pas des saints et furent même des pécheurs sans cesser d'être des degrés de l'échelle de Jacob, par lesquels Dieu descendit jusqu'à l'humanité, de même aussi les évêques indignes restent capables de consacrer le Saint Sacrement et de conférer la prêtrise avec tous les pouvoirs qui y sont attachés. Quand on voit ces choses, on comprend bien pourquoi l'Ancien Testament est appelé dans de vieux livres allemands l'ancienne alliance ou l'ancien mariage, de même que le Nouveau Testament y est appelé la nouvelle alliance ou le nouveau mariage. La fleur suprême de l'ancien mariage fut la Vierge des vierges, la Fiancée du Saint Esprit, la très chaste Mère du Sauveur, le Vase spirituel, le Vase honorable, le Vase insigne de dévotion, dans lequel le Verbe s'est fait chair. Avec ce mystère, commence le nouveau mariage, la nouvelle alliance. Cette alliance est virginale dans le sacerdoce et dans tous ceux qui suivent l'Agneau, et le mariage est en elle un grand sacrement, savoir, en Jésus-Christ et en sa fiancée, qui est l'Eglise. (Voir Eph.,V,32.)

Mais pour faire connaître, en tant que cela m'est possible, comment me fut expliquée l'approche de l'incarnation du Verbe et en même temps l'approche du Saint Sacrement de l'autel, je ne puis que répéter encore de quelle manière tout m'a été mis devant les yeux dans une série de tableaux symboliques, sans qu'il me soit possible, à cause de l'état où je me trouve, de rendre compte des détails d'une façon intelligible ; je ne puis parler qu'en général. Je vis d'abord la bénédiction de la promesse que Dieu donna à nos premiers parents dans le paradis, et un rayon allant de cette bénédiction à la sainte Vierge, qui récitait le Magnificat avec sainte Elisabeth ; je vis ensuite Abraham, qui avait reçu de Dieu cette bénédiction, et un rayon allant de lui à la sainte Vierge ; puis les autres patriarches, qui avaient porté et possédé cette chose sainte, et encore le rayon allant de chacun d'eux à Marie ; la transmission de cette bénédiction jusqu'à Joachim, qui, gratifié de la plus haute bénédiction venant du Saint des saints du temple, put devenir par là le père de la très sainte vierge Marie, conçue sans péché ; enfin, c'est en celle-ci que, par l'opération du Saint Esprit, le Verbe s'est fait chair ; c'est en elle, comme dans l'Arche d'alliance du Nouveau Testament, que, caché à tous les yeux, il a habité neuf mois parmi nous, jusqu'à ce qu'étant né de la vierge Marie dans la plénitude des temps, nous avons vu sa gloire, comme la gloire du Fils unique du Père plein de grâce et de vérité.

Voici ce qu'elle raconta, le 7 juillet :

J'ai vu, cette nuit, la sainte Vierge dormir dans sa petite chambre, étendue sur le côté et la tête appuyée sur le bras ; elle était enveloppée dans une bande d'étoffe blanche, depuis la tête jusqu'aux pieds.

Je vis, sous son cœur, briller une gloire lumineuse en forme de poire qu'entourait une petite flamme d'un éclat indescriptible. Je vis briller dans Élisabeth une gloire moins éclatante, mais plus grande et d'une forme circulaire ; la lumière qu'elle répandait était moins vive.

 

Vendredi soir 20 avril et samedi 21 avril (30 Nissan) de l'an -5

 

Le samedi 8 juillet, elle dit ce qui suit :

Dans la soirée d'hier vendredi, lorsque le sabbat commença, je vis, dans une chambre de la maison de Zacharie que je ne connaissais pas encore, allumer une lampe et célébrer le sabbat ; Zacharie, Joseph et six autres hommes, qui étaient probablement des gens de l'endroit, priaient debout sous la lampe autour d'un coffre sur lequel étaient des rouleaux écrits. Ils avaient des linges qui pendaient par-dessus la tête, mais ne faisaient pas, en priant, toutes les contorsions que font les Juifs actuels, quoique souvent ils baissassent la tête et levassent les bras en l'air. Marie, Élisabeth et deux autres femmes se tenaient à part derrière une cloison grillée, d'où elles voyaient dans l'oratoire ; elles étaient toutes enveloppées jusque par-dessus la tête dans des manteaux de prière.

Après le souper du sabbat, je vis la sainte Vierge dans sa petite chambre, avec Elisabeth, récitant le Magnificat ; les mains jointes sur la poitrine et leurs voiles noirs baissés sur la figure, elles se tenaient debout contre la muraille, vis-à-vis l'une de l'autre, priant tour à tour comme des religieuses au chœur.

Je récitais le Magnificat avec elles, et, pendant la seconde partie du cantique, je vis, les uns dans l'éloignement, les autres plus près, quelques-uns des ancêtres de Marie, desquels partaient comme des lignes lumineuses se dirigeant sur elle ; je voyais ces lignes ou ces rayons de lumière sortir de la bouche des ancêtres masculins et de dessous le cœur des ancêtres de l'autre sexe, et aboutir à la gloire qui était dans Marie.

Je crois qu'Abraham, lorsqu'il reçut la bénédiction qui préparait l'avènement de la sainte Vierge, habitait prés de l'endroit où elle récita le Magnificat, car je vis le rayon qui partait de lui venir à elle d'un point très voisin, pendant que ceux qui partaient de personnages beaucoup plus rapprochés, quant au temps, paraissaient venir de points bien plus éloignés.

[Quand elles eurent achevé la récitation du Magnificat, qu'elles priaient matin et soir depuis la Visitation, Elisabeth se retira, et Marie s'apprêta à prendre du repos. Ayant ôté sa ceinture et son vêtement de dessus, ne gardant que sa longue tunique brune, elle saisit un objet roulé posé à la tête de sa couche, que j'avais pris pour un coussin: c'était une bande de laine, large d'une aune, dont elle maintint une extrémité sous son épaule, et dans laquelle elle se drapa de la tête aux pieds, les avant-bras restant dégagés, si bien qu'enveloppée de la sorte elle ne pouvait plus marcher qu'à petits pas. Ce vêtement s'ouvrait devant le visage, au-dessus de la poitrine. Ainsi emmaillotée, elle s'étendit sur sa couche, qui était un peu surélevée au chevet, et, posant sa joue sur sa main, elle s'endormit.

Je n'ai pas vu que les hommes dormissent ainsi.

Pendant tout le sabbat, Zacharie porta le vêtement qu'il avait au début de la fête. C'était une longue robe blanche, avec des manches courtes. Il avait ceint sa taille d'une large bande d'étoffe, plusieurs fois enroulées, sur laquelle étaient brodées des lettres, et qui était ornée de lacets. Un capuchon était attaché à ce vêtement, qui retombait en plis de la tête aux épaules, comme un voile déployé en arrière. Lorsqu'il devait faire quelque chose ou aller quelque part, il rabattait ce capuchon sur une épaule, avec un pan de sa ceinture, et passait l'extrémité du vêtement sous son bras opposé, avant de le rentrer dans sa ceinture. Il avait autour des jambes une sorte de pantalon, retenu dans le bas par les lanières de ses chaussures, simples semelles attachées aux pieds nus. Il montra à Joseph ses vêtements sacerdotaux, qui étaient fort beaux, notamment un ample manteau de couleur blanche et pourpre, d'une étoffe épaisse, qu'il attachait sur sa poitrine avec trois agrafes d'orfèvrerie. Ce vêtement n'avait pas de manches.]

 

Dimanche 22 avril (1er Iyar) de l'an -5

 

Retour de Joseph à Nazareth et suite du séjour de Marie à Juttah.

Le dimanche soir, le sabbat étant fini, je les vis manger de nouveau. Ils prirent leur repas ensemble dans le jardin près de la maison. Ils mangèrent des feuilles vertes qu'ils trempaient dans une sauce ; il y avait aussi sur la table des assiettes avec de petits fruits, et d'autres plats, où était, je crois, du miel, qu'ils prenaient avec des espèces de spatules en corne.

Plus tard, au clair de la lune, par une belle nuit étoilée, Joseph se mit en voyage, accompagné de Zacharie. Joseph avait avec lui un petit paquet où étaient des pains et une petite cruche, et un bâton recourbé par en haut. Ils avaient tous deux des manteaux de voyage qui recouvraient la tête. Les deux femmes les accompagnèrent à une petite distance, et s'en revinrent seules par une nuit d'une beauté remarquable.

Marie et Élisabeth rentrèrent à la maison dans la chambre de Marie. Il y avait là une lampe allumée, comme c'était toujours le cas lorsqu'elle priait et allait se coucher. Les deux femmes se tinrent vis-à-vis l'une de l'autre, et récitèrent le Magnificat.

 

Lundi 23 avril (2 Iyar) de l'an -5

 

Le mardi 11 juillet, elle dit ce qui suit :

J'ai vu cette nuit Marie et Élisabeth. La seule chose dont je me souvienne est qu'elles passèrent toute la nuit à prier, mais je n'en sais plus la raison. Le jour, je vis Marie s'occuper de différents travaux, par exemple, tresser des couvertures.

Je vis Joseph et Zacharie encore en route ; ils passèrent la nuit dans un hangar. Ils avaient fait de grands détours et visité, si je ne me trompe, différentes personnes. Je crois qu'il leur fallait trois jours pour leur voyage. J'ai oublié la plupart des détails.

 

Mercredi 25 avril (4 Iyar) de l'an -5

 

Arrivée de Joseph à Nazareth.

Le jeudi 13 juillet, elle raconta ce qui suit :

Je vis hier Joseph de retour dans sa maison de Nazareth. Il ne me paraît pas avoir été à Jérusalem, mais directement chez lui. La servante d'Anne prend soin de son ménage, et va et vient d'une maison à l'autre ; à cela près, Joseph était seul. Je vis aussi Zacharie de retour dans sa maison.

Je vis Marie et Élisabeth, comme toujours, réciter le Magnificat et s'occuper de différents travaux. Vers le soir, elles se promenèrent dans le jardin, où il y avait une fontaine, ce qui n'est pas commun dans le pays. Elles allaient souvent aussi, dans la soirée, quand la chaleur était passée, se promener dans les environs, car la maison de Zacharie était isolée et entourée de champs. Ordinairement elles se couchaient vers neuf heures, et se levaient toujours avant le soleil.

C'est là tout ce que la sœur Emmerich communiqua de ses visions sur la visite de la sainte Vierge à Élisabeth. Il est à remarquer qu'elle raconta cet événement à l'occasion de la fête de la Visitation, au commencement de juillet, tandis que la visite de Marie eut probablement lieu en mars, puisque l'incarnation du Christ fut annoncée à la sainte Vierge le 25 février. C'est peu de temps après que la sœur la vit partir pour se rendre chez Elisabeth, en même temps que Joseph allait à la fête de Pâques, qui tombait le [14] nisan, mois qui correspond à notre mois de mars.

 

Fin mai ou début juin de l'an -5

 

Naissance de Jean-Baptiste.

LUC 1:57.Pour Elisabeth arriva le temps où elle devait accoucher et elle mit au monde un fils.
58.Ses voisins et ses parents apprirent que le Seigneur l’avait comblée de sa bonté et ils se réjouissaient avec elle.
59.Or, le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant et ils voulaient l’appeler comme son père, Zacharie.
60.Alors sa mère prit la parole : « Non, dit-elle, il s’appellera Jean. »
61.Ils lui dirent : « Il n’y a personne dans ta parenté qui porte ce nom. »
62.Et ils faisaient des signes au père pour savoir comment il voulait qu’on l’appelle.
63.Il demanda une tablette et écrivit ces mots : « Son nom est Jean » ; et tous furent étonnés.
64.A l’instant sa bouche et sa langue furent libérées et il parlait, bénissant Dieu.
65.Alors la crainte s’empara de tous ceux qui habitaient alentour ; et dans le haut pays de Judée tout entier on parlait de tous ces événements.
66.Tous ceux qui les apprirent les gravèrent dans leur cœur ; ils se disaient : « Que sera donc cet enfant ? » Et vraiment la main du Seigneur était avec lui.
67.Zacharie, son père, fut rempli de l’Esprit Saint et il prophétisa en ces termes :
68.« Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, parce qu’il a visité son peuple, accompli sa libération,
 69.et nous a suscité une force de salut dans la famille de David, son serviteur.
 70.C’est ce qu’il avait annoncé par la bouche de ses saints prophètes d’autrefois :
 71.un salut qui nous libère de nos ennemis et des mains de tous ceux qui nous haïssent.
 72.Il a montré sa bonté envers nos pères et s’est rappelé son alliance sainte,
 73.le serment qu’il a fait à Abraham notre père : il nous accorderait,
 74.après nous avoir arrachés aux mains des ennemis, de lui rendre sans crainte notre culte
 75.dans la piété et la justice sous son regard, tout au long de nos jours.
 76.Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut, car tu marcheras par devant sous le regard du Seigneur, pour préparer ses routes,
 77.pour donner à son peuple la connaissance du salut par le pardon des péchés.
 78.C’est l’effet de la bonté profonde de notre Dieu : grâce à elle nous a visités l’astre levant venu d’en haut.
 79.Il est apparu à ceux qui se trouvent dans les ténèbres et l’ombre de la mort, afin de guider nos pas sur la route de la paix. » (TOB)

La sœur Emmerich ayant été empêchée de raconter la naissance de Jean et sa circoncision, nous donnons ici les paroles de l'Évangile.

 

Début juin de l'an -5

 

Marie revient à Nazareth.

LUC 1:56. Marie demeura avec Elisabeth environ trois mois, puis elle retourna chez elle. (TOB)

 

Le 9 juin 1821, la sœur Emmerich) à l'occasion d'une relique de saint Parménas [ACTES 6:5] qui se trouvait près d'elle, raconta différentes choses touchant ce saint, et entre autres ce qui suit :

J'ai vu la sainte Vierge, après son retour de Juttah à Nazareth, passer quelques jours chez les parents du disciple Parménas, qui, à cette époque, n'était pas encore né.

Je crois avoir vu cela au moment de l'année où cela s'est passé. J'eus le sentiment qu'il en était ainsi. D'après cela, la naissance de Jean-Baptiste aurait eu lieu à la fin de mai ou au commencement de juin. Marie resta trois mois chez Élisabeth, jusqu'à la naissance de Jean ; mais elle n'y était plus lors de la circoncision de l'enfant.

La sainte Vierge partit pour Nazareth après la naissance de Jean, et avant sa circoncision. Joseph vint à sa rencontre jusqu'à moitié chemin.

La sœur Emmerich ne dit pas par qui la sainte Vierge fut accompagnée jusque-là ; elle ne désigna pas non plus le lieu où elle se réunit à saint Joseph ; peut-être que ce fut à Dothan, où, en allant chez Élisabeth, ils s'étaient arrêtés chez un ami du père de Joseph. Vraisemblablement, elle fut accompagnée jusque-là par des parents de Zacharie ou par des amis de Nazareth, qui se trouvaient avoir le même voyage à faire. Cette dernière conjecture pourrait se justifier, jusqu'à un certain point, par le récit suivant :

 

Joseph rassuré par un ange.

MATTHIEU 1:19. Joseph, son époux, qui était un homme juste et ne voulait pas la diffamer publiquement, résolut de la répudier secrètement.
20. Il avait formé ce projet, et voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint,
21. et elle enfantera un fils auquel tu donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »
22. Tout cela arriva pour que s’accomplisse ce que le Seigneur avait dit par le prophète :
23. Voici que la vierge concevra et enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel, ce qui se traduit : « Dieu avec nous ».
24. A son réveil, Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse,
25. mais il ne la connut pas jusqu’à ce qu’elle eût enfanté un fils, auquel il donna le nom de Jésus.
(TOB)

(Le 9 juin 1821)

Quand Joseph revint à Nazareth avec la sainte Vierge, il vit, à sa taille, qu'elle était enceinte ; il fut alors assailli par toutes sortes d'inquiétudes et de doutes, car il ne connaissait pas l'ambassade de l'ange près de Marie. Aussitôt après son mariage, il était allé à Bethléhem pour quelques affaires de famille ; Marie, pendant ce temps, s'était rendue à Nazareth avec ses parents et quelques compagnes. La salutation angélique avait eu lieu avant le retour de Joseph de Nazareth. Marie, dans sa timide humilité, avait gardé pour elle le secret de Dieu.

Joseph, plein de trouble et d'inquiétude, n'en faisait rien connaître au dehors, mais luttait en silence contre ses doutes. La sainte Vierge, qui avait prévu cela d'avance, était grave et pensive, ce qui augmentait encore l'anxiété de Joseph.

Quand ils furent arrivés à Nazareth, je vis que la sainte Vierge n'alla pas tout de suite dans sa maison avec saint Joseph, elle demeura deux jours dans une famille alliée à la sienne. C'étaient les parents du disciple Parménas, qui alors n'était pas né, et qui fut plus tard l'un des sept diacres dans la première communauté des chrétiens à Jérusalem.

Ces gens étaient alliés à la sainte Famille : la mère était sœur du troisième époux de Marie de Cléophas, qui fut le père de Siméon, évêque de Jérusalem. Ils avaient une maison et un jardin à Nazareth. Ils étaient aussi alliés à la sainte Famille du côté d'Elisabeth. Je vis la sainte Vierge rester quelque temps chez eux avant de revenir dans la maison de Joseph ; mais l'inquiétude de celui-ci augmentait à tel point que, lorsque Marie voulut revenir auprès de lui, il forma le projet de la quitter et de s'enfuir secrètement. Pendant qu'il roulait ce dessein dans son esprit, un ange lui apparut en songe et le consola.

 

 

Remarque sur les textes supplémentaires d'après Joachim BOUFLET

Entre crochets [...] et de couleur bleu clair sont ajoutés au texte original de la traduction française de "VIE DE LA SAINTE VIERGE MARIE, MERE DE JESUS." (Publiée en 1854, Traduction de l'Abbé DE CAZALES) des extraits de "LA VIE DE LA VIERGE MARIE. Traduit par Joachim BOUFLET" publiée aux Presses de la Renaissance (2006).

En effet, d'après Joachim BOUFLET, l'Abbé DE CAZALES a écarté de sa traduction française divers passages du texte original allemand de 1852. Ces passages manquants sont ainsi restaurés dans son livre. Quelques-uns figurent dans ces pages.

Un grand merci à Joachim BOUFLET pour le dévoilement de ces extraits inédits en français jusqu'en 2006.

 

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Avertissement

Il est important de préciser à propos des visions de la bienheureuse Anne Catherine Emmerich qu'elles relèvent d'un don gratuit et que béatifier une mystique n'équivaut pas à une reconnaissance officielle de ses visions qui prendraient alors un caractère dogmatique. Elles sont reconnues certes comme n'allant pas à l'encontre du magister de l'Eglise et pouvant servir à certains mais n'ont pas de caractère obligatoire.

 

Remerciements:

Le site https://www.livres-mystiques.com/ réalisé par le regretté Roland Soyer rend accessibles les éditions du XIXème siècle des visions d'Anne Catherine Emmerich (Traduction de l'Abbé DE CAZALES, Chanoine de Versailles, AMBROISE BRAY, Libraire Éditeur)

Le site de l'Alliance biblique française https://lire.la-bible.net/ qui permet de lire la Bible en ligne, notamment la Traduction Œcuménique de la Bible (2010). Pour vous procurer une Bible imprimée, rendez-vous sur www.editionsbiblio.fr

Joachim BOUFLET pour son livre "La vie de la Vierge Marie." publié aux Presses de la Renaissance (2006). Connue sous le nom des Presses de la Renaissance, la collection « Renaissance » intègre les éditions Plon en octobre 2021.

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