QUI ETAIT ANNE CATHERINE EMMERICH ?

La plus grande visionnaire de tous les temps

 

croix

VIE ET EVANGILE DE JESUS-CHRIST, JOUR APRES JOUR

 

Première semaine après Pâques

Célébration au Cénacle.
Les disciples d'Emmaüs.
Apparition de Jésus au Cénacle.
Prédication dans le pays de Sichar.
Incrédulité de Thomas à Sichar.
Guérisons à Sichar.
Pilate fait chercher sa femme.
Retour à Jérusalem pour le sabbat.
Conversion de Thomas.

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Carte d'Israël

carte
Lieux cités lors des déplacements entre Pâques et l'Ascension.

Sichar serait l'actuel village d'Askar près de Naplouse (Sichem)

La localisation d'Emmaüs est incertaine

 

Lundi 2 avril (17 Nisan) de l'an 30

 

annne catherine emmerich

Célébration au Cénacle.

(Lundi de Pâques.) Je vis ce matin les saintes femmes dans la maison de Marie, mère de Marc. Les apôtres avaient passé la nuit dans le vestibule du cénacle, les disciples dans les galeries latérales.

Je vis de grand matin Pierre et Jean entrer dans le cénacle avec André. Ils se revêtirent de leurs vêtements sacerdotaux ; les autres apôtres firent de même dans le vestibule. Ensuite les trois apôtres tirant un rideau en tapisserie entrèrent dans le sanctuaire. C'était comme une petite chambre à part, ou plutôt une petite tente formée à l'aide de rideaux, dont le plafond moins élevé que celui de la salle, s'ouvrait en tirant un cordon orné de franges pour y faire arriver le jour, que donnaient des lucarnes rondes pratiquées dans la partie supérieure de la salle. On y avait placé la table de la sainte cène sur laquelle était posé le calice avec ses accessoires ; le tout était recouvert d'un voile. A droite et à gauche des niches pratiquées dans le mur contenaient divers objets. Une lampe dont un seul bras était allumé brûlait devant le Très Saint Sacrement. Ils y allumèrent la lampe de Pâques qui était suspendue au milieu de la salle, y apportèrent la table de la cène, et y exposèrent le Saint Sacrement dans sa pyxide ; après quoi ils éteignirent la lampe du sanctuaire.

Alors, les autres apôtres, parmi lesquels se trouvait Thomas, entrèrent et se rangèrent autour de la table. Une grande partie du pain consacré par Jésus pour être le Très Saint Sacrement de son corps, était conservé sur la petite patène qui se trouvait au-dessus du calice, recouverte d'une cloche de métal surmontée d'un bouton. Un voile blanc était étendu sur le tout. Pierre tira la table à coulisse qui était au-dessous, la recouvrit avec le voile et y plaça la patène avec le Très Saint Sacrement. André et Jean se tenaient derrière lui et priaient. Pierre et Jean s'étant inclinés prirent eux-mêmes le Saint Sacrement ; ensuite Pierre fit passer la patène et chacun se communia lui-même. Il ne restait plus dans le calice que la moindre partie du vin consacré par Jésus ; ils y versèrent un peu de vin et d'eau et en burent successivement. Après cela ils chantèrent des psaumes, firent des prières et recouvrirent les vases sacrés qu'ils reportèrent ainsi que la table à la place où ils les avaient pris.

Ce fut la première fois que je vis les onze célébrer le service divin.

 

Les disciples d'Emmaüs.

LUC 24: 13.Et voici que, ce même jour, deux d’entre eux se rendaient à un village du nom d’Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem.
14.Ils parlaient entre eux de tous ces événements.
15.Or, comme ils parlaient et discutaient ensemble, Jésus lui-même les rejoignit et fit route avec eux ;
16.mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.
17.Il leur dit : « Quels sont ces propos que vous échangez en marchant ? » Alors ils s’arrêtèrent, l’air sombre.
18.L’un d’eux, nommé Cléopas, lui répondit : « Tu es bien le seul à séjourner à Jérusalem qui n’ait pas appris ce qui s’y est passé ces jours-ci ! »
– 19.« Quoi donc ? » leur dit-il. Ils lui répondirent : « Ce qui concerne Jésus de Nazareth, qui fut un prophète puissant en action et en parole devant Dieu et devant tout le peuple :
20.comment nos grands prêtres et nos chefs l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont crucifié ;
21.et nous, nous espérions qu’il était celui qui allait délivrer Israël. Mais, en plus de tout cela, voici le troisième jour que ces faits se sont passés.
22.Toutefois, quelques femmes qui sont des nôtres nous ont bouleversés : s’étant rendues de grand matin au tombeau
23.et n’ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire qu’elles ont même eu la vision d’anges qui le déclarent vivant.
24.Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ce qu’ils ont trouvé était conforme à ce que les femmes avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »
25.Et lui leur dit : « Esprits sans intelligence, cœurs lents à croire tout ce qu’ont déclaré les prophètes !
26.Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela et qu’il entrât dans sa gloire ? »
27.Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait.
28.Ils approchèrent du village où ils se rendaient, et lui fit mine d’aller plus loin.
29.Ils le pressèrent en disant : « Reste avec nous car le soir vient et la journée déjà est avancée. » Et il entra pour rester avec eux.
30.Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna.
31.Alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent, puis il leur devint invisible.
 32.Et ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur ne brûlait-il pas en nous tandis qu’il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Ecritures ? »
33 (a).A l’instant même, ils partirent et retournèrent à Jérusalem ; (TOB)


Thomas partit aujourd'hui pour un petit endroit des environs de Samarie avec un disciple qui était de ce pays. Je vis Luc qui n'était avec les disciples que depuis quelque temps, mais qui avait reçu antérieurement le baptême de Jean, assister le dimanche soir aux agapes qui avaient lieu à Béthanie et à l'instruction sur le Saint Sacrement que Matthieu y avait faite. Je le vis après cette instruction, assailli de doutes et tout soucieux, se rendre à Jérusalem, entrer dans la maison de Jean Marc et y passer la nuit.

Plusieurs autres disciples se trouvaient réunis dans cette maison, entre autres Cléophas, petit-fils de l'oncle maternel de Marie de Cléophas. Celui-ci avait assisté à l'instruction et aux agapes qui avaient eu lieu au cénacle. Les disciples parlaient de la résurrection de Jésus et ils doutaient ; Luc et Cléophas étaient de ceux dont la foi était la plus hésitante. Comme en outre il y avait eu une nouvelle notification de l'ordre du grand-prêtre qui défendait de donner le logement et la nourriture aux disciples de Jésus, ces deux-ci qui se connaissaient particulièrement prirent la résolution de s'en aller à Emmaüs. Ils quittèrent la réunion ; l'un d'eux prit à droite en sortant de la maison de Jean Marc et se dirigea au nord en contournant l'enceinte extérieure de Jérusalem, l'autre se dirigea du côté opposé, comme s'ils avaient voulu éviter qu'on les vît ensemble. Le premier ne rentra pas dans la ville, l'autre gagna la porte en passant entre des murs. Ils se réunirent sur une colline qui était devant la porte ; ils avaient des bâtons à la main et portaient avec eux un petit bagage. Luc avait une besace de cuir et je le vis souvent s'écarter du chemin pour cueillir des plantes.

Luc n'avait pas vu le Seigneur dans ces derniers temps ; il n'avait pas assisté non plus aux instructions données par le Seigneur chez Lazare ; il s'était trouvé quelquefois à l'hôtellerie des disciples près de Béthanie et il était aussi allé à Machérunte chez des disciples. Jusqu'alors il n'avait pas été disciple en titre et ce fut la première fois qu'il s'adjoint sérieusement aux amis de Jésus ; toutefois il avait eu des rapports fréquents avec les disciples ; il était curieux et fort désireux d'acquérir de la science.

Je sentis intérieurement que tous deux étaient troublés, qu'ils doutaient et qu'ils voulaient se parler de tout ce qu'ils avaient entendu. Ce qui les déconcertait par-dessus tout, c'était que le Seigneur eût été crucifié si ignominieusement. Ils ne pouvaient pas comprendre que Rédempteur, le Messie, pût être ainsi outragé et maltraité.

Voilà ce que j'ai retenu de ce qui me fut communiqué pendant leur entretien ; je fis tout le chemin avec eux à travers une contrée très agréable.

Comme ils étaient à moitié chemin, je vis, longtemps avant qu'ils le remarquassent, Notre Seigneur s'approcher par un chemin de traverse. Lorsqu'ils l'aperçurent, ils ralentirent le pas, comme pour laisser passer cet étranger devant eux, et comme s'ils eussent craint qu'on n'entendît leur conversation. Mais Jésus de son côté ralentit sa marche et il n'arriva sur le chemin que lorsqu'ils eurent pris les devants. Je le vis marcher quelque temps derrière eux, puis s'approcher et leur demander de quoi ils s'entretenaient.

J'entendis aussi une grande partie de ce qu'il leur dit, je l'ai écouté avec un plaisir extraordinaire, mais des tracas de toute espèce me l'ont fait oublier. Il fut fort question de Moïse.

Devant Emmaüs qui est un joli endroit très propre, le Seigneur parut vouloir prendre un chemin qui tournait au midi dans la direction de Bethléem, mais ils le contraignirent d'entrer avec eux dans une maison qui faisait partie du second groupe de maisons d'Emmaüs. Il n'y avait pas de femmes dans cette maison qui me parut destinée à donner des fêtes : car il semblait qu'on en eût célébré une récemment et il en restait des traces (peut-être des décorations). La pièce principale était carrée et fort propre . la table était couverte d'une nappe et il y avait des lits de repos comme ceux qui figuraient aux agapes du jour de Pâques. Un homme apporta un rayon de miel dans une espèce de corbeille tressée, un grand gâteau de forme carrée et un petit pain azyme, mince et diaphane, qui fut placé devant le Seigneur en sa qualité d'étranger auquel on faisait les honneurs. L'homme qui apporta le gâteau avait une bonne figure ; il portait une espèce de tablier qui le faisait ressembler à un cuisinier ou à un maître d'hôtel, ses cheveux étaient noirs. Du reste, il n'assista pas à la scène solennelle qui suivit. Le gâteau était épais : des lignes empreintes dans la pâte y traçaient des compartiments larges de deux doigts. Il y avait sur la table un couteau qui n'était pas en métal ; j'en avais vu de semblables aux repas de Cana. Il était blanc comme s'il eût été de pierre ou d'os, il n'était pas droit, mais un peu recourbé, ce qui lui donnait à peu près la forme d'un sabre et pas plus grand qu'une grande lame de couteau chez nous ; on en voyait quelquefois plusieurs de formes différentes, attachés ensemble avec une goupille. Avant de manger, ils appuyèrent le tranchant du couteau qui était tout à fait en avant, sur les lignes tracées d'avance à la surface du pain . ensuite ils détachèrent les parts ainsi entaillées.

Ils firent d'abord une prière, puis Jésus se mit à table et commença par manger avec eux du gâteau et du miel, il prit ensuite le petit pain azyme sur lequel des divisions étaient marquées, et après l'avoir entaillé avec le couteau blanc en os, il en détacha trois parts en un seul morceau. Il mit ce morceau sur le petit plat, le bénit et s'étant levé de sa place, il l'éleva avec les deux mains, et pria les yeux tournés vers le ciel. Les deux disciples se tenaient debout en face de lui, profondément émus et comme hors d'eux-mêmes. Le Seigneur ayant rompu le pain dont il fit trois parts, ils avancèrent la tête par-dessus la table jusqu'à sa main, ouvrirent la bouche et y reçurent chacun leur portion. Mais je le vis disparaître au moment même où il faisait le geste de porter à sa bouche le troisième morceau.

Je ne puis pas dire qu'il l'y ait reçu en effet. Les morceaux de pain devinrent lumineux lorsqu'il les eut bénis.

Je vis les deux disciples rester immobiles et comme pétrifiés pendant quelques instants, puis ils se jetèrent dans les bras l'un de l'autre en versant des larmes d'attendrissement.

Cette scène fut singulièrement touchante à cause de l'affectueuse bonté que mit le Sauveur dans tous ses actes et toutes ses paroles, de la joie silencieuse des deux disciples lorsqu'ils l'écoutaient sans savoir que c'était lui et de leur ravissement lorsqu'ils le reconnurent et qu'il disparut. Cléophas et Luc repartirent sur-le-champ pour retourner en toute hâte à Jérusalem.

 

Lundi soir 2 avril (18 Nisan) de l'an 30

 

Apparition de Jésus au Cénacle.

LUC 24: 33(b). ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons,
34.qui leur dirent : « C’est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité, et il est apparu à Simon. »
35.Et eux racontèrent ce qui s’était passé sur la route et comment ils l’avaient reconnu à la fraction du pain.
36.Comme ils parlaient ainsi, Jésus fut présent au milieu d’eux et il leur dit : « La paix soit avec vous. »
37.Effrayés et remplis de crainte, ils pensaient voir un esprit.
38.Et il leur dit : « Quel est ce trouble et pourquoi ces objections s’élèvent-elles dans vos cœurs ?
39.Regardez mes mains et mes pieds : c’est bien moi. Touchez-moi, regardez ; un esprit n’a ni chair, ni os, comme vous voyez que j’en ai. »
40. A ces mots, il leur montra ses mains et ses pieds.
41.Comme, sous l’effet de la joie, ils ne croyaient pas encore et comme ils s’étonnaient, il leur dit : « Avez-vous ici de quoi manger ? »
42.Ils lui offrirent un morceau de poisson grillé.
43.Il le prit et mangea sous leurs yeux.
44.Puis il leur dit : « Voici les paroles que je vous ai adressées quand j’étais encore avec vous : il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la Loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »
45.Alors il leur ouvrit l’intelligence pour comprendre les Ecritures,
46.et il leur dit : « C’est comme il a été écrit : le Christ souffrira et ressuscitera des morts le troisième jour,
47.et on prêchera en son nom la conversion et le pardon des péchés à toutes les nations, à commencer par Jérusalem.
48.C’est vous qui en êtes les témoins.

MARC 16: 12.Après cela, il se manifesta sous un autre aspect à deux d’entre eux qui faisaient route pour se rendre à la campagne.
13.Et ceux-ci revinrent l’annoncer aux autres ; eux non plus, on ne les crut pas.
14.Ensuite, il se manifesta aux Onze, alors qu’ils étaient à table, et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité.
15.Et il leur dit : « Allez par le monde entier, proclamez l’Evangile à toutes les créatures.
16.Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné.
 17.Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom, ils chasseront les démons, ils parleront des langues nouvelles,
18.ils prendront dans leurs mains des serpents, et s’ils boivent quelque poison mortel, cela ne leur fera aucun mal ; ils imposeront les mains à des malades, et ceux-ci seront guéris. »
(TOB)

 

Le soir du lundi de Pâques, je vis tous les apôtres, à l'exception de Thomas, réunis dans le cénacle ; il y avait aussi plusieurs disciples parmi lesquels Nicodème et Joseph d'Arimathie. Les portes de la maison et celles de la salle étaient fermées ; au plafond était suspendue une lampe sous laquelle je les vis s'entretenir et, à trois reprises différentes, se ranger en cercle pour prier. Ils semblaient occupés comme du complément d'une fête consacrée au deuil. Tous avaient de longues robes blanches avec des ceintures : trois d'entre eux portaient des vêtements particuliers et tenaient à la main des rouleaux d'écriture.

Le premier de ces trois était Pierre. Son ample robe blanche, un peu plus longue par derrière que par devant, était serrée par une ceinture plus large que la main d'où tombaient sur chaque genou deux bandes d'étoffe de la même largeur terminées par deux pointes. Par derrière, la ceinture était nouée très simplement et ses deux extrémités qui se croisaient descendaient plus bas que les appendices placés sur le devant. Tout cela était noir comme la ceinture elle-même et couvert de grandes lettres blanches. Les manches étaient très larges : l'une d'elles semblait l'être plus que l'autre, elle servait de poche au besoin. On y mettait toute sorte de choses, même des écrits contenant des prières. Ils portaient encore attaché au-dessus du coude une espèce de manipule plus large avec deux bandes pendantes au-dessous du bras et terminées par des franges ; il était, comme la ceinture, noir et couvert de lettres blanche. Ils avaient autour du cou une sorte d'étole étroite par derrière, s'élargissant sur les épaules et croisée sur la poitrine où elle était assujettie par une plaque en forme de cœur. Cette plaque était luisante comme du cristal, il y avait comme des boutons ou peut être une figure ; je ne sais pas si c'était un ornement symbolique ou tout simplement un fermoir.

Les deux autres qui étaient auprès de Pierre avaient l'étole croisée sous le bras et des franges plus courtes à la ceinture Tous, en priant, mettaient leurs mains en forme de croix sur la poitrine. Quand ils priaient, ils se tenaient rangés en cercle sous la lampe ; les apôtres formaient le cercle le plus rapproché et Pierre, placé entre ses deux assistants, se tenait le dos tourné à la porte qui était fermée. Deux personnes tout au plus, étaient derrière lui ; les autres formaient le cercle, rangées trois par trois. Cléophas et Luc, qui étaient revenus en toute hâte d'Emmaüs à Jérusalem, coururent aussitôt au cénacle ; la porte de la cour étant fermée ainsi que la maison, ils frappèrent et furent introduits. Dans le vestibule ouvert qui précédait la salle se trouvaient la sainte Vierge, Marie de Cléophas et Madeleine qui assistaient aux exercices religieux des apôtres et des disciples ; ceux-ci étaient rangés en cercle sous la lampe, mais de manière à ce que le cercle fût ouvert du côté du Très Saint Sacrement. Pierre placé entre Jean et Jacques le Mineur priait et enseignait.

Ils avaient déjà une fois interrompu leurs prières pour s'entretenir ensemble. Tout cela semblait être une action de grâces, car aujourd'hui, à Jérusalem, on faisait la clôture des fêtes de Pâques. Quoique Jésus eût apparu déjà à Pierre, à Jean, à Jacques et aux frères de celui-ci, je voyais, à mon grand étonnement, que presque tous doutaient encore : il leur venait sans cesse à l'esprit que ce n'était pas Jésus en personne, mais une vision du genre de celle qu'avaient eue les prophètes. Ils s'étaient remis en prière lorsque les deux disciples entrèrent d'un air joyeux et apportèrent leurs nouvelles Les prières furent interrompues et on s'entretint à ce sujet.

Comme après leur seconde pause, ils venaient de se remettre en rang pour la prière, je vis leurs visages s'illuminer pour ainsi dire et rayonner d'une joie intime, et je vis le Seigneur apparaître en deçà de la porte qui était fermée. Il avait une longue robe blanche avec une ceinture très simple. Ils ne parurent avoir qu'une impression vague de sa présence, jusqu'au moment où passant à travers leurs rangs, il se plaça au milieu d'eux sous la lampe ; ils furent alors saisis d'étonnement et profondément émus. Il leur montra ses mains et ses pieds et ouvrit sa robe pour leur faire voir la plaie du côté. Il leur parla et comme ils étaient frappés de terreur, il demanda à manger. Je vis de la lumière sortir de sa bouche et se diriger vers eux. Ils étaient comme hors d'eux-mêmes.

Je vis encore que Pierre, passant derrière une cloison mobile ou un rideau suspendu, alla dans une partie séparée de la salle que l'on ne remarquait pas, parce que la tapisserie qui formait la séparation était de la même étoffe que celle dont les murs étaient revêtus. Outre cet endroit où le Très Saint Sacrement reposait au-dessus du foyer pascal, il y avait encore sur le côté un compartiment où ils avaient replacé la table haute d'un pied sur laquelle ils avaient mangé, couchés au-dessous de la lampe. Sur cette table était un plat profond de forme ovale et couvert d'un linge blanc, que Pierre apporta au Seigneur. Il s'y trouvait un morceau de poisson et un peu de miel ; Jésus rendit grâces, bénit les mets, en mangea et en donna à quelques-uns des assistants seulement. Il en distribua aussi à sa Mère et aux autres saintes femmes qui se tenaient à l'entrée du vestibule.

Après cela je le vis enseigner et distribuer des grâces. Il y avait autour de lui un triple cercle au milieu duquel étaient les dix apôtres ; Thomas n'était pas présent. Chose surprenante, je vis qu'une partie de ses paroles et de ses communications ne fut perçue que par les seuls apôtres, je ne puis pas dire entendue, car je ne vis pas Jésus remuer les lèvres. Il était tout lumineux, la lumière rayonnait sur eux de ses mains, de ses pieds, de son côté et de sa bouche, comme s'il eût soufflé sur eux : cette lumière coulait sur eux ; ils savaient, ils venaient d'être informés (sans que j'aie vu la bouche articuler, ni les oreilles entendre), qu'ils pourraient remettre les péchés, qu'ils baptiseraient, guériraient, imposeraient les mains et boiraient du poison sans qu'il leur fît de mal. Je ne sais pas comment cela se faisait, mais je sentis qu'il ne leur donna pas ce pouvoir avec des paroles, qu'il ne leur dit pas ces choses avec des paroles et que tous ne l'entendirent pas ; il leur communiqua tout cela en essence, comme au moyen d'une substance, d'un rayon partant de lui et entrant en eux.

Je ne sais pourtant pas si eux-mêmes eurent le sentiment de l'avoir reçu ainsi, ou s'ils crurent l'avoir entendu à la manière ordinaire ; mais j'eus le sentiment que le cercle le plus rapproché, celui des apôtres, avait seul perçu ou compris tout cela. C'était comme un langage intérieur, et cependant cela ne ressemblait pas à des paroles dites à l'oreille et à voix basse.

Jésus leur expliqua plusieurs points des saintes Écritures qui avaient rapport à lui ou au Très Saint Sacrement, et il indiqua certains honneurs à rendre au Très Saint Sacrement après la célébration du sabbat. Il parla à cette occasion de l'objet sacré de l'arche d'alliance qui était devenu maintenant le Très Saint Sacrement. Il parla des ossements et des reliques des patriarches qu'il fallait vénérer afin d'obtenir leur intercession. Il dit alors quelque chose d'Abraham et des ossements d'Adam que ce patriarche avait en sa possession et qu'il mettait sur l'autel lorsqu'il sacrifiait.

Il y eut encore un point relatif au sacrifice de Melchisédech que je vis à cette occasion : c'était très remarquable, mais je l'ai oublié.

Jésus dit encore que la robe de plusieurs couleurs donnée à Joseph par son père Jacob avait été une figure symbolique de la sueur de sang sur la montagne des Oliviers. Je vis à cette occasion la robe de Joseph. Elle était blanche avec de larges raies rouges : il y avait sur la poitrine trois rubans noirs placés en travers et au milieu un ornement jaune. Elle était large par le haut, de manière à ce qu'on pût y mettre quelque chose, et serrée à la taille par une ceinture ; elle était étroite par le bas et il y avait des entailles sur le côté pour laisser du jeu à la marche Elle descendait jusqu'à terre et était plus longue par derrière que par devant. La robe ordinaire de Joseph ne descendait que jusqu'aux genoux.

Jésus dit encore aux disciples que l'arche d'alliance avait contenu des ossements d'Adam qui avaient été donnés à Joseph par Jacob avec la robe de plusieurs couleurs ; je vis que Jacob les donna à Joseph sans que celui-ci sût ce que c'était. Il les lui donna dans l'excès de sa tendresse comme une protection et un trésor, parce qu'il savait bien que les frères de Joseph ne l'aimaient pas. Joseph portait ces ossements sur sa poitrine dans une espèce de sachet fait de deux morceaux de cuir et de forme carrée, sauf qu'il était arrondi par en haut. Lorsque ses frères le vendirent, ils lui enlevèrent sa robe de plusieurs couleurs et son vêtement de dessous ; mais il avait encore une bande d'étoffe autour du corps et sur la poitrine une espèce de scapulaire au-dessous duquel était suspendu ce sachet. Jacob, à son arrivée en Égypte, demanda à Joseph où était ce trésor et il lui révéla que c'étaient des ossements d'Adam. A cette occasion je vis de nouveau les ossements d'Adam qui sont sous la montagne du Calvaire : ils sont blancs comme la neige et pourtant très durs. Les ossements de Joseph lui-même étaient aussi conservés dans l'arche.

Jésus parla encore du mystère de l'arche d'alliance ce mystère, dit-il, était maintenant son corps et son sang qu'il leur avait donnés pour toujours dans le sacrement. Il parla aussi de sa Passion, et raconta à propos de David quelque chose de merveilleux qu'ils ignoraient et qu'il leur expliqua. Jésus leur ordonna aussi d'aller dans le pays de Sichar et d'y rendre témoignage de sa résurrection. Après cela le Seigneur disparut et je vis les assistants tout ivres de joie se mêler confusément. Ils ouvrirent la porte et je les vis aller et venir ; toutefois ils se rassemblèrent de nouveau pour prier sous la lampe et chanter des cantiques d'actions de grâces et de réjouissances.

Sur la question qui lui fut faite pour savoir si l'arche d'Alliance, dont elle parlait si souvent, existait encore dans le temple au temps de Jésus, Anne Catherine répondit :

" Non, l'ancienne arche d'alliance n'y était plus, mais on en avait fait une imitation. Elle était construite sur le modèle de l'arche de Noé ; il y avait une ouverture sur le côté et encore une autre dans la partie supérieure. L'objet sacré y était encore, car les prêtres l'avaient retiré de l'ancienne arche avant qu'elle se fût perdue. Les tables de la loi ne s'étaient pas perdues. Mais dans le dernier temple il ne restait que peu de chose de l'objet sacré, car plus on priait devant, plus il s'amoindrissait ".

Précédemment Anne Catherine avait dit une fois :

" Joachim a reçu l'objet sacré tout entier et il y eut dans la personne de Marie une nouvelle arche d'alliance ".

Elle dit encore que les anges qui étaient placés au-dessus de l'arche d'alliance ne reposaient pas sur l'arche elle-même, autrement on n'aurait pas pu la porter : ils reposaient sur un ornement qui la surmontait, je visage tourné à l'extérieur ; leurs ailes se touchaient presque. On les retirait de là lorsqu'il y avait un voyage à faire.

 

Mardi 3 avril (18 Nisan) de l'an 30

 

Prédication dans le pays de Sichar.

(3 avril.) Cette nuit même les apôtres, sur l'ordre que leur en avait donné Jésus, allèrent à Béthanie en groupes séparés, et quelques-uns, en outre, firent des courses dans Jérusalem, notamment chez Véronique. Ils donnèrent diverses destinations aux disciples : quelques-uns de ceux-ci restèrent à Béthanie et instruisirent les plus faibles soit à la synagogue, soit dans la maison de Lazare, chez lequel se trouvaient Nicodème et Joseph d'Arimathie. Là aussi se trouvait ce fils de Siméon qui avait immolé l'agneau pour le repas pascal de Jésus. Il avait un nom bien connu ; plus tard il fut assez longtemps compagnon de Paul et il raconta à celui-ci beaucoup de choses concernant la cène. Je le vis séjourner avec Paul dans la ville où la marchande de pourpre se convertit.

Plusieurs des anciens disciples restèrent à Béthanie avec un certain nombre des nouveaux qu'ils instruisirent. Les saintes femmes, de leur côté, étaient toutes réunies dans un bâtiment attenant à la maison de Lazare et entouré d'une cour et d'un fossé. On y entrait par la rue et c'était là qu'avaient habité antérieurement Madeleine et Marthe.

Les apôtres, avec une troupe de disciples parmi lesquels se trouvait Luc, allèrent dans la direction de Sichar et se divisèrent sur divers chemins pendant le voyage. Ils enseignèrent ça et là dans des hôtelleries et sur la route. Ils racontèrent la Passion et la résurrection de Jésus. Ce fut une préparation aux conversions qui eurent lieu le jour de la Pentecôte.

Luc, qui faisait partie de cette troupe, était né dans les environs d'Antioche de parents païens tenant un rang honorable, mais il avait embrassé le judaïsme. Il savait peindre et il était médecin de profession ; il s'était formé par de longs voyages, notamment en Egypte. En Palestine, il s'était mis en rapport avec les disciples de Jésus et avait eu connaissance de sa doctrine ; il avait dès lors attaché beaucoup moins d'importance à sa propre science. Il soignait les malades, suçait leurs plaies, non sans prendre beaucoup sur lui, et y appliquait des simples. Ce ne fut qu'après l'apparition d'Emmaüs qu'il devint vraiment un disciple zélé.

Nicodème est marié : sa femme devait être morte à cette époque ; ses fils sont dans des écoles juives.

Joseph d'Arimathie et lui avaient plusieurs habitations à Jérusalem ; mais c'était dans la maison du cénacle qu'ils se réunissaient le plus souvent.

Pilate a quitté Jérusalem par suite du trouble intérieur qui l'agite.

Hérode est parti depuis deux jours déjà pour Machérunte, mais il n'y a pas trouvé le repos et il est allé plus loin, jusqu'à Madian. Les habitants de cette ville, qui n'avaient pas accueilli le Seigneur lorsqu'il était venu, ouvrirent leurs portes au meurtrier.

Simon le Cyrénéen est à Béthanie, près des disciples. Je crois qu'il a trouvé là deux de ses fils qui s'étaient réunis à eux sans qu'il le sût. C'était un homme pieux, natif de Cyrène, qui avait coutume de venir pour les fêtes à Jérusalem où il travaillait dans les jardins de diverses familles dont il était connu et taillait les haies. Il mangeait alors tantôt dans une maison, tantôt dans une autre ; c'était un homme juste et qui parlait très peu. Ses fils étaient depuis longtemps à l'étranger et ils s'étaient réunis aux disciples, sans qu'il en eut connaissance, ainsi qu'il arrive souvent pour les enfants de parents pauvres.

J'ai oublié de dire que, lorsque les apôtres allaient à Sichar, Pierre dit aux autres d'un air joyeux :

" Il faut que nous allions en mer prendre des poissons ".

Il entendait parler des âmes.

 

Sichar ou Sychar est une ville de Samarie où Jésus rencontra la samaritaine au puit de Jacob (Jean chap. 4)

 

Mercredi 4 avril (19 Nisan) de l'an 30

 

Incrédulité de Thomas à Sichar.

JEAN 20: 24.Cependant Thomas, l’un des Douze, celui qu’on appelle Didyme, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint.
25.Les autres disciples lui dirent donc : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur répondit : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je n’enfonce pas mon doigt à la place des clous et si je n’enfonce pas ma main dans son côté, je ne croirai pas ! »
(TOB)

 

(4 avril.) Les apôtres et les disciples qui s'étaient dispersés sur le chemin se réunirent devant Sichar dans une grande hôtellerie où le Seigneur avait guéri un grand nombre de malades pendant le dernier séjour qu'il y avait fait. Il y a des bains dans le voisinage et il s'y trouve comme une espèce d'hôpital. Les disciples restèrent là et les apôtres allèrent dans la ville chez un homme de leur connaissance ; je crois que c'était le père de Sylvain et qu'il était le propriétaire ou le surveillant de l'hôtellerie qui était hors de ta ville. Le disciple Sylvain les avait conduits chez son père et leur avait fait préparer un repas et tout ce dont ils pouvaient avoir besoin.

Pierre enseigna dans une école devant tout le peuple. Il parla de la Passion et de la résurrection de Jésus et spécialement de la nécessité de se mettre à sa suite : le temps était venu, disait-il, de tout quitter pour s'agréger à la communauté. Il engagea tous les amis de Jésus qui étaient fort découragés, à venir à Jérusalem et à mettre en commun tout ce qu'ils possédaient ; ils ne devaient pas avoir peur des Juifs, leur dit-il, ceux-ci ne feraient rien contre eux, car ils les craignaient, etc.

Ils prirent un repas dans l'hôtellerie qui est devant la ville. Thomas vint les y trouver avec deux autres disciples. Il était allé de son côté avec un disciple des environs de Samarie dans la patrie de celui-ci. C'était un des disciples qui accompagnaient Jésus lors de son entretien avec la Samaritaine près du puits de Jacob.

Il en vint encore un autre avec lui ; c'était un des fils du vieux Siméon, le même dont je disais hier qu'il était allé de Jérusalem à Béthanie et qu'il avait immolé l'agneau pascal au cénacle. Il était employé au service du temple et y faisait, je crois, les fonctions de rabbin.

Ce n'est pas ce fils de Siméon qui périt à Jérusalem avec Jacques le Mineur. Plus tard il fut souvent avec saint Paul, mais jamais longtemps de suite, car l'apôtre l'envoyait sans cesse ailleurs. Il était avec lui dans la ville où la marchande de pourpre se convertit ; il l'accompagnait aussi lorsqu'il revint de l'endroit où il avait été jeté en prison après son naufrage. J'ai su son nom et j'ai vu plusieurs fois les lettres dont il se composait. (Ici la narratrice balbutia plusieurs fois les syllabes Man, Mamio.) Elle l'avait aussi vu faire un miracle. Il apparut au moment de la mort à une pécheresse convertie qui avait reçu de saint Ambroise une de ses reliques. Elle avait vu cela dans une vision touchant saint Ambroise (dont on fait aujourd'hui la fête dans le diocèse de Munster).

Il me revient encore quelque chose touchant Mamio. Il était avec saint Paul lors d'une émeute excitée par un orfèvre ; plus tard ce fut lui qui attira l'attention de Lydie, la marchande de pourpre, sur la prédication de Paul. Il fit infiniment de bien par son intervention charitable et il gagna beaucoup de personnes à l'Eglise. Il se trouvait aussi dans un endroit où Paul fut arrêté. A ce propos Silas me revient aussi en mémoire. Ce compagnon de voyage de Jésus a certainement été attaché à Paul comme disciple et je crois qu'il lui a fait part de bien des choses.

Note : Antérieurement elle l'avait appelé Obed ; peut-être que plus tard il changea de nom et prit celui de Mamio ; beaucoup d'autres changèrent ainsi de nom, probablement à cause de la persécution. (Note du Pèlerin)

Lorsque Thomas vint rejoindre les apôtres dans la maison du père de Sylvain, je vis qu'ils lui racontèrent l'apparition du Seigneur parmi eux, mais il fit un geste de dénégation et déclara qu'il n'y croirait pas jusqu'à ce qu'il eût touché ses plaies ; ils allèrent ensuite retrouver les disciples hors de la ville et ceux-ci lui ayant affirmé à leur tour la vérité de l'apparition, il témoigna la même incrédulité. Après la mort du Christ, Thomas s'est tenu un peu plus à l'écart de la communauté : c'est là ce qui a causé son manque de foi. Le lundi, après avoir fait la communion le matin avec les apôtres, il était allé avec des disciples dans un petit endroit situé derrière Samarie, à quelque distance de la route. Il y était resté jusqu'au mercredi soir ou il vint trouver les apôtres à Thenath-Silo.

Je vis cela dans une vision dans laquelle j'aperçus comme à vol d'oiseau les endroits où se trouvaient les apôtres : je vis alors Thomas seul avec deux disciples dans un endroit éloigné.

Pendant ces jours-ci, je vis à Jérusalem des affidés des princes des prêtres aller dans les maisons dont les propriétaires s'étaient trouvés en rapport avec Jésus et ses disciples, leur retirer les emplois publics qu'ils pouvaient avoir et défendre de communiquer avec eux. Depuis qu'ils avaient mis le Christ au tombeau, Nicodème et Joseph d'Arimathie n'avaient plus eu aucun rapport avec les Juifs. Joseph d'Arimathie était comme un des anciens de la communauté, et il était toujours vis-à-vis des Juifs comme un homme qui, par des services rendus sans bruit et par l'action intelligente qu'il n'avait cessé d'exercer, avait conquis l'estime de tous, même celle des méchants.

Je vis avec beaucoup de plaisir le mari de Véronique se montrer plein de condescendance pour elle lorsqu'elle lui déclara qu'elle se séparerait plutôt de lui qui de Jésus le crucifié. Je vis aussi qu'il ne se mêlait plus des affaires publiques, mais il me fut dit que c'était plutôt par affection pour sa femme que par attachement pour Jésus.

Je vis en outre les Juifs rendre impraticables les chemins qui menaient au Calvaire et au saint Sépulcre en les barrant par des fossés et des clôtures, parce que beaucoup de gens allaient visiter ces saints lieux, et qu'il s'y faisait des conversions et des miracles.

A Béthanie les disciples continuaient à prêcher tranquillement.

 

Jeudi 5 avril (20 Nisan) de l'an 30

 

Guérisons à Sichar.

(5 avril.) Les apôtres ont guéri ici un très grand nombre de malades parmi lesquels des lunatiques ; ils ont aussi chassé des démons. Je les vis procéder en cela absolument comme Jésus, je les vis souffler sur les malades, leur imposer les mains ou s'étendre sur eux. C'étaient uniquement des malades que Jésus avait omis de guérir lors de son dernier séjour. Je vis les habitants de l'endroit se montrer en général très bienveillant pour les apôtres. Les disciples ne guérissaient pas, mais ils rendaient des services aux malades en les portant, les soulevant, les conduisant. Luc qui était médecin s'était fait maintenant infirmier.

Le soir Pierre enseigna dans l'école jusqu'à une heure avancée de la nuit. Il s'expliqua franchement sur la manière dont eux-mêmes s'étaient conduits envers Jésus. Il parla avec beaucoup de détails des dernières prédictions et des derniers enseignements du Sauveur, ce son amour inexprimable, de sa prière sur le mont des Oliviers, de la trahison de Judas et de sa triste fin. Les gens de l'endroit en furent très surpris et très contristés : car ils avaient aimé Judas, qui, pendant l'absence de Jésus, avait rendu des services à beaucoup d'entre eux et qui avait même opéré des miracles.

Pierre ne s'épargna pas lui-même : il raconta sa fuite et son reniement en versant des larmes amères, sur quoi tout l'auditoire pleura avec lui ; sa douleur devint de plus en plus vive et il raconta de la manière la plus éloquente avec quelle cruauté les Juifs avaient traité Jésus, comment il était ressuscité le troisième jour, comment il était apparu aux saintes femmes, à lui-même, à d'autres encore, enfin aux apôtres et aux disciples réunis, et il en appela au témoignage de tous ceux des assistants qui l'avaient vu. Là-dessus il y en eut bien une centaine qui levèrent la main en l'air. Thomas garda le silence et ne fit pas comme les autres : rien ne pouvait encore vaincre son incrédulité. Pierre parla encore longtemps et engagea ses auditeurs à venir à Jérusalem. Ils étaient tous très émus et beaucoup se convertirent. Ils voulaient que les apôtres restassent parmi eux, mais Pierre déclara qu'ils repartiraient le lendemain ; je les ai vus se mettre en route le vendredi avant le lever du soleil. Beaucoup de personnes les accompagnèrent sur le chemin ; quelques-unes allèrent avec eux, d'autres vinrent les rejoindre plus tard.

Je vis les disciples qui étaient à Béthanie continuer à enseigner, et les saintes femmes se tenir en silence dans la maison attenante à celle de Lazare. La mère de Dieu est triste, mais sa tristesse est pleine de gravité ; je vois souvent Marie de Cléophas, qui est singulièrement affectueuse et qui est celle de toutes qui ressemble le plus à Marie, se pencher tendrement vers elle et la consoler d'une manière touchante. Marie est silencieuse ; il y a en elle je ne sais quoi d'auguste : sa douleur n'est pas une douleur humaine.

Madeleine est transportée de douleur et d'amour : elle est comme hors d'elle-même ; elle ne sait ce que c'est que la crainte ; elle est d'un courage héroïque et qui ne tient compte d'aucune difficulté ; souvent elle court à travers les rues, les cheveux épars, et partout où elle rencontre des auditeurs, soit dans les maisons, soit eu public, elle s'élève contre les meurtriers du Seigneur, raconte en termes très [véhéments] les traitements qu'on lui a fait subir, et parle de sa résurrection. Quand elle ne trouve personne pour l'écouter, elle erre à travers les jardins et parle aux fleurs, aux arbres et aux fontaines. Souvent on se rassemble autour d'elle, quelques-uns la prennent en pitié, d'autres l'injurient et lui reprochent sa vie passée. Le peuple n'a aucune considération pour elle à cause des grands scandales qu'elle a donnés autrefois. J'ai vu que la douleur violente dont elle est maintenant transpercée scandalisait plusieurs Juifs, au point que cinq d'entre eux voulaient s'emparer d'elle et la faire enfermer, mais, elle va droit son chemin au milieu d'eux et ne change rien à ses allures, car elle a oublié le monde entier et ne cherche que Jésus. Elle semble avoir perdu la raison.

Pendant la dispersion des disciples et le long supplice du Seigneur, Marthe eut de pénibles fonctions à remplir et elle les a encore : brisée par la douleur comme elle l'était, elle veillait à tout et s'occupait de tout le monde. Elle nourrissait et soignait tous ceux qui étaient dispersés et errants ; elle pourvoyait à tous les besoins. Elle est aidée dans tout cela, spécialement pour la préparation des aliments, par Jeanne, veuve de Chusa, serviteur d'Hérode. C'est une personne que j'ai vue depuis longtemps se rendre utile à la communauté par sa grande activité et les travaux de toute espèce auxquels elle se livrait ; maintenant c'est de la cuisine qu'elle s'occupe particulièrement.

Le cénacle a pour gardiens de tout jeunes gens : ce sont, je crois, des fils ou des serviteurs du majordome. Nicodème et Joseph d'Arimathie y vont de temps en temps.

Pendant ces jours-ci, j'ai vu Jésus apparaître en plusieurs endroits ; la dernière apparition a eu lieu en Galilée au delà du Jourdain, dans une vallée où il y avait une grande école. Plusieurs personnes étaient réunies, parlaient de lui et doutaient de ce qu'on disait de sa résurrection ; alors il apparut au milieu d'elles et disparut après leur avoir adressé quelques paroles. Je l'ai vu apparaître ainsi en diverses contrées, mais pas dans les parties les plus éloignées de l'Asie.

 

Pilate fait chercher sa femme.

Le jeudi après Pâques, elle dit :

" J'ai vu aujourd'hui Pilate faire chercher inutilement sa femme. Je vis ensuite qu'elle était cachée dans la maison de Lazare, à Jérusalem. On ne pouvait le deviner, car il n'y avait point de femmes logées là ; c'était Etienne, encore peu connu comme disciple, qui allait quelquefois la visiter ; il lui apportait sa nourriture et des nouvelles du dehors, et la préparait à la connaissance de l'Evangile. Etienne était cousin de Paul ; ils étaient fils des deux frères.

Simon de Cyrène vint trouver les apôtres après le sabbat, demandant à être baptisé et admis dans la communauté chrétienne ".

Ici se termine le récit de ces visions, qui dura depuis 18 février jusqu'au 6 avril 1823, jeudi de la semaine après Pâques.

 

Vendredi 6 avril (21 Nisan) de l'an 30

 

Retour à Jérusalem pour le sabbat.

(6 avril.) Les apôtres revinrent très vite de Sichar ; ils avaient envoyé d'avance à Béthanie un messager chargé d'annoncer leur retour, et de convoquer plusieurs personnes à Jérusalem pour le sabbat ; d'autres devaient célébrer le sabbat à Béthanie, car ils avaient déjà établi des lois et des règlements précis. Eux-mêmes ne firent que traverser, sans s'y arrêter, les endroits qui se trouvaient sur leur route. Je vis Thaddée, Jacques le Mineur et Eliud précéder les autres en habits de voyage et se rendre dans la maison de Jean Marc, près de la sainte Vierge, et de Marie Cléophas lesquelles se montrèrent très joyeuses comme si elles ne les eussent pas vus depuis longtemps. Je vis, en outre, que Jacques portait sur son bras un ornement sacerdotal un manteau que les saintes femmes avaient fait pour Pierre à Béthanie, et dont il se revêtait dans le cénacle.

Il était si tard quand les apôtres se réunirent au cénacle, qu'ils ne purent pas prendre le repas qui avait été préparé pour eux, et commencèrent aussitôt à célébrer le sabbat. Ils se revêtirent de leurs habits de cérémonie ; on commença, comme toujours, par le lavement des pieds. La lampe fut allumée, et je remarquai qu'ils ne se conformaient pas en tout aux règles qu'observaient les Juifs dans la célébration du sabbat. On ouvrit d'abord les rideaux qui cachaient le Saint Sacrement, devant lequel on plaça un banc. Pierre, ayant à ses côtés Jean et Jacques, fit une méditation ou une prière dans laquelle il était question de l'institution de l'Eucharistie, de la Passion du Seigneur et d'un sacrifice intérieur à offrir à Dieu. Après cela, se tenant debout sous la lampe, ils firent les cérémonies ordinaires du sabbat. Lorsque tout cela fut fini, ils prirent un repas dans le vestibule. Quant à la salle du cénacle, je n'y ai plus rien vu manger depuis l'institution de l'Eucharistie, si ce n'est peut-être un peu de pain et de vin.

Lorsque Jésus leur était apparu les portes fermées, il leur avait dit d'ajouter aux cérémonies du sabbat ce qu'ils venaient de faire en l'honneur du Saint Sacrement.

J'ai vu cette nuit quelque chose à ce sujet, mais je l'ai oublié. Comme on demandait à Anne-Catherine ce que c'était que ce banc placé devant le saint Sacrement, elle répondit :

" C'était le siège qui avait servi à Jésus-Christ lors de l'institution de l'Eucharistie ".

Ils l'avaient couvert d'un tapis et y posaient les rouleaux où étaient écrites les prières dont ils faisaient usage.

Pierre s'agenouilla devant, ayant Jean et Jacques un peu en arrière de lui, puis après eux, les autres apôtres derrière ceux-ci et les disciples. Quand ils s'agenouillaient, ils courbaient jusqu'à terre et cachaient leur visage de leurs mains. Le voile du calice avait été retiré, mais le linge blanc était placé et pendait des deux côtés. Il n'y avait de disciples présents que ceux qui étaient déjà plus initiés que les autres au mystère du Saint Sacrement ; de même dans leur voyage à Sichar, ils n'avaient guère pris avec eux que ceux qui avaient vu le Seigneur après sa résurrection afin qu'ils pussent l'attester.

La sainte Vierge avait été conduite aujourd'hui à Jérusalem par Marie, mère de Marc ; Véronique, qui maintenant se montre en public avec elle, l'y avait accompagnée de Béthanie avec Jeanne Chusa. La sainte Vierge aime à se trouver à Jérusalem, parce qu'elle peut y suivre les traces de son Fils sur sa voie douloureuse, ce qu'elle fait toute seule à la chute du jour et pendant la nuit. Elle prie et médite dans tous les endroits où il a souffert et où il est tombé, et comme elle ne peut pas les visiter tous parce que les Juifs ont mis des clôtures et amoncelé des décombres sur plusieurs points dans beaucoup d'endroits, elle fait les stations chez elle ou dans la campagne. Elle a dans l'esprit un souvenir très exact de tout le chemin qu'il a suivi et du nombre de pas qu'il a faits, et elle renouvelle ainsi sa Passion dont elle contemple tous les détails en elle-même. Il est certain que la sainte Vierge, aussitôt après la mort du Sauveur, a commencé à faire le Chemin de la Croix et à méditer les mystères de la Passion, et qu'elle a toujours continué depuis à se livrer à ces pieux exercices.

 

Samedi 7 avril (23 Nisan) de l'an 30

 

Conversion de Thomas.

JEAN 20: 26.Or huit jours plus tard, les disciples étaient à nouveau réunis dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vint, toutes portes verrouillées, il se tint au milieu d’eux et leur dit : « La paix soit avec vous. »
27.Ensuite il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici et regarde mes mains ; avance ta main et enfonce-la dans mon côté, cesse d’être incrédule et deviens un homme de foi. »
28.Thomas lui répondit : « Mon Seigneur et mon Dieu. »
29.Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru. » (TOB)

 

(7 avril.) J'ai eu ce soir une vision.

Les apôtres célébraient le sabbat. Quand ils eurent fini et déposé leurs habits de cérémonie, je vis un grand repas dans le vestibule.

Ce n'était pas une communion, mais des agapes comme le dimanche précèdent.

Thomas doit avoir célébré le sabbat quelque part dans le voisinage, car je ne je vis arriver qu'après le repas, lorsqu'on était rentré dans la salle du cénacle. Quand je vis ce qui se passait dans l'intérieur de la salle, la soirée n'était pas avancée, et on n'avait pas encore allumé la lampe. Plusieurs apôtres et disciples de Jésus se trouvaient déjà là, et j'en vis arriver d'autres. Ils entrèrent successivement, se revêtirent de longs vêtements blancs et se préparèrent à la prière comme la dernière fois. Pierre et deux autres, dont était encore Jean se revêtirent des habits sacerdotaux qui les distinguaient du reste des assistants. Pierre portait le plus remarquable, celui que j'ai décrit récemment. L'autre apôtre qui était près de Jean, avait les yeux noirs et le teint brun.

Pendant que tous se préparaient ainsi, je vis entrer Thomas. Il semblait être en retard, car les autres étaient prêts pour la plupart. Il passa au milieu d'eux pour aller s'habiller. Plusieurs des assistants l'entourèrent et s'entretinrent avec lui : quelques-uns, en lui parlant, le tiraient par les manches de sa robe, d'autres l'interpellaient en faisant avec la main droite des gestes très animés, comme pour affirmer quelque chose. Il était au milieu d'eux comme quelqu'un qui s'habille à la hâte et auquel d'autres déjà habillés affirment la réalité d'un fait extraordinaire qui s'est passé dans cet endroit même et auquel il refuse de croire.

Pendant ce temps, je vis entrer un homme qui semblait être un domestique ; il avait une espèce de tablier, et tenait dans une main une petite lampe allumée, dans l'autre un bâton garni d'un crochet avec lequel il tira en bas la lampe suspendue au milieu de la salle ; il l'alluma, la fit remonter à sa place, et quitta la salle.

Après cela, je vis encore la sainte Vierge, Madeleine et une autre femme entrer dans la maison, enveloppées dans leurs manteaux. La sainte Vierge et Madeleine vinrent dans la salle, Pierre et Jean allèrent à leur rencontre, et cinq des assistants environ se tinrent près d'elles à peu de distance de la porte et s'entretinrent avec elles. Les autres, pendant ce temps-là. allaient, venaient et conversaient entre eux. La femme qui était venue en troisième avec la sainte Vierge et Madeleine resta dans la pièce antérieure ; elle était tout enveloppée dans ses voiles, et très grande, plus grande encore que Madeleine ; c'était la personne qui vint à Béthanie après la mort de Lazare, annoncer à ses sœurs l'arrivée de Jésus. Le vestibule était ouvert du côté de l'intérieur ; il en était de même d'une partie des salles latérales. Les portes extérieures donnant sur la cour et la cour elle-même étaient fermées. Il se trouvait un très grand nombre de disciples dans les salles latérales.

Aussitôt que Marie et Madeleine furent entrées dans la salle, les portes furent fermées et chacun prit sa place pour la prière. Les deux saintes femmes se tinrent respectueusement des deux côtés de la porte, les mains jointes sur la poitrine. Cependant je vis encore les apôtres commencer par prier à genoux devant le Très Saint Sacrement, puis se lever, faire au-dessous de la lampe les prières accoutumées et chanter des psaumes en chœur. Pierre se tenait en avant de la lampe, je visage tourné vers le Saint Sacrement ; Jean et l'autre apôtre (Jacques le Mineur) étaient à ses côtés, les autres apôtres se tenaient des deux côtés de la lampe. Il n'y avait personne du côté qui regardait le Saint Sacrement ; Pierre et les deux assistants, revêtus d'ornements particuliers, tournaient le dos à la porte, en sorte .que les deux femmes étaient derrière eux, mais à une certaine distance.

Au bout de quelque temps, il y eut comme une interruption dans la prière ; elle paraissait à sa fin et les assistants parlaient de leurs projets, du dessein qu'ils avaient d'aller au bord de la mer de Tibériade et de se partager pour visiter divers endroits. Mais bientôt leurs visages prirent une expression de recueillement et de ferveur extraordinaire excitée par l'approche du Seigneur. Je vis alors Jésus dans la cour, il était tout lumineux et revêtu d'une robe entièrement blanche, avec une ceinture blanche. Il se dirigea vers la porte du vestibule qui s'ouvrit devant lui et se referma derrière lui. Les disciples qui se trouvaient là, voyant la porte s'ouvrir, se retirèrent des deux côtés pour laisser le passage libre. Le Seigneur traversant rapidement le vestibule entra dans la salle et vint se mettre à la place de Pierre, entre Pierre et Jean qui se rangèrent des deux côtés de même que tous les apôtres. Sa démarche n'était pas, à proprement parler, celle d'un homme ordinaire ; et ce n'était pas non plus l'allure d'un esprit qui semble raser la terre : c'était quelque chose qui tenait de l'un et de l'autre. Quand ils s'écartèrent tous devant lui, cela me fit l'effet d'un prêtre revêtu de son aube qui passe à travers la foule serrée des fidèles. En cet instant tout parut dans la salle s'agrandir et s'illuminer, car je vis le Seigneur environné de lumière ; seulement les apôtres étaient sortis de ce cercle lumineux : je crois que sans cela ils n'auraient pas pu voir le Seigneur.

Les premières paroles de Jésus furent :

" La paix soit avec vous ! "

Après quoi, il parla encore à Pierre et à Jean. Tout ce que je me rappelle, c'est qu'il y eut un reproche au sujet de quelque chose qu'ils avaient fait de leur propre autorité, en dehors des règles tracées par lui, et qui à cause de cela ne leur avait pas réussi. Il s'agissait de guérisons de malades, essayées comme ils revenaient de Sichar et de Thenath-Silo, et dans lesquelles ils n'avaient pas exactement suivi ses prescriptions : aussi y avait-il eu des insuccès. Ils avaient agi en partie d'après leurs propres idées et il leur dit que quand ils repasseraient par ces endroits, il faudrait qu'ils procédassent autrement.

Je ne me souviens plus de ce que c'était à proprement parler : je crois que dans cette occasion ils avaient pris quelque chose sur eux, qu'il y avait eu un manquement intérieur, un défaut de foi ou d'autres choses semblables.

Après quelques discours à ce sujet, Jésus se plaça sous la lampe et le cercle se resserra autour de lui.

Je vis Thomas tout bouleversé lorsqu'il vit le Seigneur, et je le vis se retirer timidement en arrière. Mais Jésus prenant dans sa main droite la main droite de Thomas, introduisit le bout de l'index dans la plaie de sa main gauche, puis il prit de la main gauche l'autre main de Thomas dont il mit le doigt dans la plaie de sa main droite : ensuite, sans découvrir sa poitrine il plaça sous son manteau la main droite de Thomas dont il introduisit l'index et le doigt du milieu dans la plaie de son côté droit. Il dit en même temps quelques paroles que je ne me rappelle plus. Thomas s'écria :

" Mon Seigneur et mon Dieu " !

et s'affaissa sur lui-même comme s'il fût tombé en défaillance pendant que Jésus le tenait toujours par la main : ceux qui étaient près de l'apôtre le soutinrent et Jésus le releva. Je sus aussi ce que signifiaient cette défaillance et la manière dont il avait été relevé par Jésus.

Je vis Jésus apparaître revêtu d'une longue robe blanche et complètement transparente. Au commencement je ne vis pas ses plaies ; quand il prit la main de Thomas, je les vis non comme des stigmates sanglants, mais comme de petits soleils rayonnants. Les autres disciples furent vivement émus et sans se trop presser autour de lui, ils avancèrent la tête pour voir ce que le Seigneur faisait toucher à Thomas. Pendant tout le temps que le Seigneur fut présent, Marie fut la seule dont l'émotion ne se trahit par aucun mouvement extérieur : elle resta absorbée dans une méditation profonde et silencieuse : elle était comme ravie en extase. Madeleine paraissait un peu plus émue, cependant elle faisait bien moins de démonstrations extérieures que les disciples.

Jésus ne disparut pas sur-le-champ, il dit encore quelque chose et demanda à manger. Je vis qu'on lui apporta de nouveau de l'endroit où était la table un petit plat ovale, mais qui n'était pas tout à fait comme celui qu'on lui avait apporté la première fois. Il y avait sur ce plat, si je ne me trompe, un peu de poisson dont il mangea après l'avoir bénit, puis il donna le reste, d'abord à Thomas et ensuite à quelques autres.

Après la conversion de Thomas, Jésus dit encore pourquoi il était venu au milieu d'eux quoiqu'ils l'eussent abandonné et pourquoi il ne se rapprochait pas davantage de quelques-uns d'entre eux qui lui étaient restés plus fidèles. J'ai oublié les détails. Il rappela aussi ce qu'il avait dit à Pierre, de confirmer ses frères, et expliqua pourquoi il lui avait dit cela, s'adressant à tous, il leur dit pourquoi il voulait leur donner Pierre pour conducteur quoiqu'il l'eut renié : il fallait que le troupeau eût un pasteur et il parla à ce sujet du zèle de Pierre.

e vis encore Jean entrer dans le sanctuaire et rapporter sur son bras l'ample manteau brodé et bariolé que j'avais vu hier sur le bras de Jacques lorsqu'il vint visiter Marie et auquel j'avais vu dernièrement travailler les saintes femmes de Béthanie. Il avait en outre à la main un bâton creux, long et mince, recourbé par en haut comme une houlette de berger, mais brillant d'un éclat métallique et ressemblant à un grand roseau. Je vis Pierre s'agenouiller devant Jésus et Jésus lui donner à manger quelque chose de rond qui ressemblait à un petit gâteau ; je ne me souviens pas d'avoir vu de plat où Jésus eût dû prendre cet objet qui était lumineux. J'appris qu'il communiquait à Pierre une force particulière ; je vis aussi que Jésus souffla sur Pierre et répandit en lui un pouvoir, une vertu. Ce ne fut pas proprement une insufflation : il y eut des paroles et une force, une chose essentielle que Pierre reçut ; et pourtant ce n'étaient point des paroles articulées. Jésus approcha sa bouche de la bouche et des deux oreilles de Pierre et il versa cette force dans ces trois organes. Je sus que ce n'était pas encore le Saint Esprit lui-même, mais quelque chose que le Saint Esprit devait vivifier complètement en lui le jour de la Pentecôte. Jésus lui imposa aussi les mains et lui donna un pouvoir et une autorité supérieure sur les autres ; ensuite il le revêtit du manteau que Jean, placé auprès de lui, tenait sur son bras et il lui mit le bâton dans la main. Il lui dit aussi que le manteau tiendrait concentrées en lui toute la force et toute l'autorité qu'il lui avait données et qu'il devrait s'en revêtir lorsqu'il aurait à faire usage de son pouvoir.

Jésus parla encore d'un grand baptême qui aurait lieu quand le Saint Esprit serait descendu sur eux ; il ajouta que Pierre, huit jours après, devrait à son tour communiquer aux autres cette force qui venait de lui être donnée. Il dit en outre que quelques-uns d'entre eux devaient déposer la robe blanche qu'ils portaient et en mettre une autre ornée d'un pectoral ; d'autres devaient se revêtir de nouveau de cette robe blanche. Il y eut des règles données sur l'établissement de hautes dignités ecclésiastiques parmi eux et sur les consécrations qui devaient les conférer.

Note : Ce qu'elle se rappelle ici d'une manière confuse faisait peut-être allusion à ce qu'elle avait déjà entendu dire pendant la sainte cène, que le jour de la sainte Trinité, c'est-à-dire huit jours après la Pentecôte, Pierre et Jean devaient conférer aux autres la consécration sacerdotale. (Note du Pèlerin.)

Après cela, les disciples présents, sur l'ordre de Jésus, se divisèrent en sept groupes dont chacun avait un apôtre à sa tête. Jacques le Mineur et Thomas se tenaient debout près de Pierre.

Les sept groupes qui s'étaient formés sur l'ordre de Jésus, semblaient représenter sept congrégations, sept Églises ; je ne sais pas bien ce que représentaient les trois apôtres restés en dehors de ces groupes. (Elle exprima d'abord l'opinion que ceux-ci devaient être les premiers évêques ou des évêques d'un rang supérieur. Toutefois elle ne savait rien de positif à ce sujet.)

Pierre, en vertu de sa nouvelle dignité, fit une allocution adressée à tous ; il était devenu comme un autre homme, revêtu d'une force surnaturelle. Les autres l'écoutèrent avec une vive émotion et ne purent retenir leurs larmes ; il les consola et leur rappela beaucoup de choses que Jésus avait annoncées d'avance à plusieurs reprises, et qui maintenant étaient arrivées à leur accomplissement. Il dit aussi, je m'en souviens, comment Jésus, pendant les dix-huit heures qu'avait duré sa Passion, avait subi les injures et les outrages du monde entier ; il fut dit dans cette occasion de combien il s'en fallait que la trente-quatrième année du Sauveur fût accomplie. Je l'ai dit exactement il y a peu de temps. Pendant le discours de Pierre, Jésus avait disparu. Aucun mouvement d'effroi ou de surprise n'interrompit l'attention excitée par le discours de Pierre, lequel parut revêtu d'une force toute nouvelle. On chanta ensuite un psaume d'actions de grâces. Aujourd'hui Jésus n'a parlé ni à sa mère ni à Madeleine.

Pendant que Jésus parlait des consécrations qui devaient avoir lieu après la descente du Saint Esprit, j'eus une vision touchant un grand baptême donné près de la piscine de Béthesda, et je vis, à cette occasion, le manteau de Pierre : il était brodé de fleurs blanches et rouges, et maintenu sur la poitrine par un fermoir carré ressemblant à une plaque de métal. Cette plaque était divisée par une raie en deux moitiés : sur l'une était un agneau, sur l'autre une figure qui semblait enveloppée dans un long manteau étroitement serré par en bas, mais je ne me rappelle plus ce détail que confusément.

J'ai vu cela comme dans une vision accessoire, de la même manière que je vois les choses dont parle Jésus. Il avait été question, dans le discours de Jésus, de la consécration sacerdotale et de l'Esprit du Père qu'il voulait envoyer.

Le manteau était très ample, il tombait jusque sur les pieds et avait une queue par derrière. Il était blanc, avec de larges raies rouges dans le sens de la longueur, et brodé d'épis, de pampres de vigne, d'épis et d'autres figures encore, tout cela rouge, vert et jaune. Les deux raies rouges les plus rapprochées des deux bords antérieurs étaient croisées par d'autres raies transversales fort courtes sur lesquelles étaient des lettres formant quelques mots dont j'ai oublié le sens. Le manteau avait encore un collet et un capuchon qui se relevaient autour du cou et sur la tête. Le capuchon pouvait se rabattre par derrière. Il était bleu de ciel ainsi que le collet.

Pendant toute la durée de cette vision, Anne Catherine ressentit des douleurs très vives au côté droit, mais surtout au moment où Thomas mit le doigt dans la plaie du côté de Jésus : alors, le sang sortit abondamment du côté de la pieuse fille.

" Après cela, dit-elle, je vis encore les apôtres rendre grâces et chanter des psaumes. Le Seigneur avait dit à Pierre, entre autres choses, d'aller avec ses compagnons prêcher près de Tibériade ".

 

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Remerciements:

anges mystique Le site https://www.livres-mystiques.com/ réalisé par le regretté Roland Soyer rend accessibles les éditions du XIXème siècle des visions d'Anne Catherine Emmerich (Traduction de l'Abbé DE CAZALES, Chanoine de Versailles, AMBROISE BRAY, Libraire Éditeur)

lire la bible Le site de l'Alliance biblique française https://lire.la-bible.net/ qui permet de lire la Bible en ligne, notamment la Traduction Œcuménique de la Bible (2010). Pour vous procurer une Bible imprimée, rendez-vous sur www.editionsbiblio.fr

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