QUI ETAIT ANNE CATHERINE EMMERICH ?

La plus grande visionnaire de tous les temps

 

VIE ET EVANGILE DE JESUS-CHRIST, JOUR APRES JOUR

 

Samedi saint

On met des gardes au tombeau.
Les proches de Jésus et Marie le samedi saint.
Les proches de Jésus et Marie se rendent au temple.
Au Cénacle pendant le sabbat.
L'âme de Jésus avec les âmes des bienheureux.
Le soir avant la résurrection.
Joseph d'Arimathie est libéré.
Nuit de la résurrection.
Jésus apparaît à Marie.

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Vendredi soir 30 mars et samedi avant l'aube le 31 mars (15 Nisan) de l'an 30

 

annne catherine emmerich

On met des gardes au tombeau.

MATTHIEU 27: 62. Le lendemain, jour qui suit la Préparation, les grands prêtres et les Pharisiens se rendirent ensemble chez Pilate.
63.« Seigneur, lui dirent-ils, nous nous sommes souvenus que cet imposteur a dit de son vivant : “Après trois jours, je ressusciterai.”
64.Donne donc l’ordre que l’on s’assure du sépulcre jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent le dérober et ne disent au peuple : “Il est ressuscité des morts.” Et cette dernière imposture serait pire que la première. »
65.Pilate leur déclara : « Vous avez une garde. Allez ! Assurez-vous du sépulcre, comme vous l’entendez. »
66.Ils allèrent donc s’assurer du sépulcre en scellant la pierre et en y postant une garde. (TOB)

 

Dans la nuit du vendredi au samedi, je vis Caïphe et les principaux d'entre les Juifs se consulter sur ce qu'ils avaient à faire, eu égard aux prodiges qui avaient eu lieu et à la disposition du peuple. A la suite de cette délibération, ils se rendirent, dans la nuit, chez Pilate, et lui dirent que, comme ce séducteur avait assuré qu'il ressusciterait le troisième jour, il fallait faire garder le tombeau pendant trois jours ; sans cela, les disciples de Jésus pourraient dérober son corps et répandre le bruit de sa résurrection, d'où il résulterait une nouvelle déception pire que la première. Pilate ne voulait plus se mêler de cette affaire, et il leur dit :

“ Vous avez une garde : faites garder le tombeau comme vous l'entendrez. ”


Il leur donna pourtant Cassius, qui devait tout observer et lui faire un rapport exact de ce qu'il verrait. Je les vis sortir de la ville au nombre de douze, avant le lever du soleil ; les soldats qui les accompagnaient n'étaient pas habillés à la romaine ; c'étaient des soldats du Temple. Ils avaient des lanternes placées sur des perches, afin de tout voir malgré la nuit, et de s'éclairer dans l'obscurité du caveau sépulcral.


Aussitôt arrivés, ils s'assurèrent de la présence du corps de Jésus, puis ils attachèrent une corde en travers, devant la porte du tombeau, en firent passer une seconde sur la grosse pierre qui était placée en avant, et scellèrent le tout avec un cachet demi circulaire. Ils revinrent ensuite à la ville, et les gardes se postèrent en face de la porte extérieure. Il y avait là cinq à six hommes à tour de rôle. Cassius ne quitta pas son poste ; il se tenait ordinairement assis ou debout devant l'entrée du caveau, de manière à voir le côté du tombeau où reposaient les pieds du Sauveur. Il avait reçu de grandes grâces intérieures et l'intelligence de beaucoup de mystères. N'étant pas accoutumé à se trouver dans cet état d'illumination spirituelle, il resta presque tout le temps dans une sorte d'enivrement et n'ayant pas la conscience des objets extérieurs. Il fut entièrement transformé, devint un nouvel homme, et passa toute la journée dans le repentir, l'action de grâces et l'adoration.

 

Les proches de Jésus et Marie le samedi saint.

LUC 23: 56. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Durant le sabbat, elles observèrent le repos selon le commandement (TOB)

 

Je vis hier au soir environ vingt hommes rassemblés au Cénacle ; ils avaient de longs habits blancs avec des ceintures, et célébraient le sabbat, ainsi que je l'ai dit plus haut. Ils se séparèrent pour se livrer au sommeil, et plusieurs regagnèrent leurs demeures accoutumées. Aujourd'hui encore, je les vis rassemblés au Cénacle ; ils gardaient le silence la plupart du temps et se succédaient pour faire la prière ou la lecture ; de nouveaux venus étaient introduits de temps en temps.

Dans la partie de la maison où se tenait la sainte Vierge il y avait une grande salle où l'on avait pratiqué, au moyen de tapis et de cloisons mobiles, quelques cellules séparées pour ceux qui voulaient y passer la nuit. Lorsque les saintes femmes, revenues du tombeau, eurent remis en place les objets dont elles s'étaient servies, une d'elles alluma une lampe suspendue au milieu de cette salle, et sous laquelle elles vinrent se placer autour de la sainte Vierge ; elles prièrent à tour de rôle avec beaucoup de tristesse et de recueillement et prirent ensuite une petite réfection. Bientôt entrèrent Marthe, Maroni, Dina et Mara, lesquelles après le sabbat étaient venues de Béthanie avec Lazare, celui-ci était allé trouver les disciples dans le Cénacle. On leur raconta avec larmes la mort et la sépulture du Sauveur ; puis, comme il était tard, quelques-uns des hommes, parmi lesquels Joseph d'Arimathie, vinrent prendre celles des saintes femmes qui voulaient retourner chez elles dans la ville. Comme ils s'en revenaient ensemble, Joseph, ainsi que je l'ai déjà dit, fut enlevé prés de Caïphe et renfermé dans une tour.

Les femmes, restées au Cénacle, entrèrent dans les cellules disposées autour de la salle, s'enveloppèrent la tête de longs voiles et restèrent quelque temps silencieuses et tristes, assises par terre et appuyées contre les couvertures qui étaient roulées prés du mur ; puis elles se levèrent, déployèrent ces couvertures, ôtèrent leurs souliers, leurs ceintures et une partie de leurs vêtements, se voilèrent de la tête aux pieds, comme elles ont d'habitude de le faire pour dormir, et se placèrent sur les couches pour prendra un peu de sommeil. A minuit, elles se relevèrent, s'habillèrent, roulèrent leurs couches et se rassemblèrent sous la lampe autour de la sainte Vierge afin de prier encore.

Quand la mère de Jésus et ses compagnes, quoique brisées par de si grandes souffrances, eurent satisfait à ce devoir de la prière nocturne, que je vois soigneusement rempli dans toute la suite des temps par les fidèles enfants de Dieu et les âmes saintes qu'une grâce particulière y excite, ou qui le font pour se conformer à des règles prescrites par Dieu et son Eglise, Jean vint frapper à la porte de leur salle avec quelques disciples, et aussitôt elles s'enveloppèrent dans leurs manteaux et le suivirent au Temple avec la sainte Vierge.

 

Samedi matin 31 mars (15 Nisan) de l'an 30

A partir de 3 heures

 

Les proches de Jésus et Marie se rendent au temple.

Vers trois heures du matin, au moment à peu près où le tombeau fut scellé, je vis la sainte Vierge se rendre au Temple, accompagnée des autres saintes femmes, de Jean et de plusieurs autres disciples. Beaucoup de Juifs avaient coutume de se rendre au Temple avant l'aurore, le lendemain du jour où ils avaient mangé l'Agneau pascal ; aussi le Temple était-il ouvert dés minuit, parce que les sacrifices commençaient de très bonne heure. Mais la fête ayant été troublée, et le Temple rendu impur par les prodiges de la veille, on avait tout abandonné, et il me sembla que la sainte Vierge venait seulement prendre congé du Temple où elle avait été élevée, et où elle avait adoré le Saint des saints, jusqu'à ce qu'elle-même portât dans ses entrailles le Saint des saints lui-même, le véritable Agneau pascal qui avait été si cruellement immolé la veille.
Il était ouvert selon l'usage ; les lampes étaient allumées, et le parvis des prêtres accessible au peuple, ainsi que cela devait avoir lieu ce jour-là ; mais le Temple était presque vide, à l'exception de quelques gardiens et de quelques serviteurs ; tout y était encore en désordre par suite des terribles incidents de la veille ; il avait été profané par les apparitions des morts.

Et je me demandais toujours : “ Comment pourra-t-on le purifier de nouveau ” ?

Les fils de Siméon et les neveux de Joseph d'Arimathie, que la nouvelle de l'emprisonnement de leur oncle avait fort attristés, vinrent joindre la sainte Vierge et ses compagnons, et les conduisirent partout, car ils étaient surveillants dans le Temple ; tous contemplèrent avec terreur les signes de la colère de Dieu, dont ils adorèrent les desseins en silence ; seulement ceux qui conduisaient la sainte Vierge racontaient de temps en temps, en peu de mots, les événements de la veille.

On n'avait encore réparé presque aucun des dégâts causés par le tremblement de terre. Au lieu où le parvis et le sanctuaire se réunissent, le mur s'était tellement écarté de part et d'autre, qu'on pouvait passer dans l'ouverture ; tout menaçait encore de s'écrouler. Le linteau qui était au-dessus du rideau placé devant le sanctuaire s'était affaissé ; les colonnes qui le supportaient avaient fléchi et le rideau, déchiré du haut au bas, pendait des deux côtés. La chute de la grosse pierre qui s'était détachée du coté septentrional du Temple, près de l'oratoire du vieux Siméon, avait ouvert, à l'endroit où Zacharie était apparu, une telle brèche dans le mur du parvis, que les saintes femmes purent y passer sans obstacle, et, placées prés de la grande chaire où Jésus, encore enfant, avait enseigné, voir dans l'intérieur du Saint des saints à travers le rideau déchiré, ce qui, autrement, ne leur eût pas été permis. Ce n'était partout que murs crevassés, dalles enfoncées, colonnes ébranlées et penchées. La sainte Vierge se rendit à tous les endroits que Jésus avait rendus sacrés pour elle ; elle se prosterna pour les baiser, et exprima ses sentiments par des larmes et par quelques paroles touchantes ; ses compagnes l'imitèrent.

Les Juifs ont une grande vénération pour tous les lieux sanctifiés par quelque manifestation de la puissance divine ; ils les touchent, les baisent et s'y prosternent je visage contre terre. Je ne saurais m'en étonner, car, sachant et croyant que le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob est un Dieu vivant, qu'il habitait parmi son peuple, dans sa maison, le Temple de Jérusalem, il eût été bien plus étonnant qu'ils ne lui donnassent pas ces marques de respect.

La sainte Vierge, accompagnée de ses amies, visita plusieurs endroits du Temple avec un respect religieux ; elle leur montra le lieu de sa présentation lorsqu'elle était encore enfant, ceux où elle avait été élevée, où elle avait épousé saint Joseph, où elle avait présenté Jésus, où Siméon et Anne avaient prophétisé ; elle pleura amèrement à ce souvenir, car la prophétie était accomplie, le glaive avait traversé son âme. Elle montra aussi l'endroit où elle avait trouvé Jésus enseignant dans le Temple, et elle baisa respectueusement la chaire. Elles s'arrêtèrent encore près du tronc où la veuve avait jeté son denier et au lieu où le Seigneur avait pardonné à la femme adultère. Quand elles eurent ainsi rendu l'hommage de leurs souvenirs, de leurs larmes et de leurs prières, à toutes les places sanctifiées par Jésus, elles retournèrent à Sion.

La sainte Vierge se sépara du Temple avec une profonde tristesse et en versant des larmes abondantes ; la désolation et la solitude qui y régnaient en un jour si saint témoignaient des crimes de son peuple ; elle se souvint que Jésus avait pleuré sur le Temple, et qu'il avait dit : “ Renversez ce Temple, et je le rebâtirai en trois jours. ” Elle pensa que les ennemis de Jésus avaient détruit le temple de son corps, et désira ardemment voir luire le troisième jour, où la parole de l'éternelle vérité devait s'accomplir.

 

Au Cénacle pendant le sabbat.

De retour au Cénacle au point du jour, Marie et ses compagnes se retirèrent dans la partie des bâtiments située à droite. Jean et les disciples se séparèrent d'elles à l'entrée et se joignirent aux autres hommes, au nombre d'une vingtaine, qui, rassemblés dans la grande salle, y passèrent dans le deuil toute la journée du sabbat, priant alternativement sous la lampe. De temps en temps de nouveaux venus s'introduisaient timidement, et l'on s'entretenait en pleurant : tous éprouvaient un respect mêlé d'un peu de confusion pour Jean qui avait assisté à la mort du Seigneur. Jean était bienveillant et affectueux pour tous, et il avait la simplicité d'un enfant dans ses rapports avec eux. le les vis manger une fois ; du reste le plus grand calme régnait dans la maison, et les portes étaient fermées. On ne pouvait d'ailleurs les y inquiéter, car cette maison appartenait à Nicodème et ils l'avaient louée pour le repas pascal.

Je vis de nouveau les saintes femmes rassemblées jusqu'au soir dans la grande salle, éclairée seulement par la lumière d'une lampe, car les portes étaient fermées et les fenêtres voilées. Tantôt elles priaient autour de la sainte Vierge sous la lampe, tantôt elles se retiraient à part, couvraient leur tête de leurs voiles de deuil, et s'asseyaient sur des cendres en signe de douleur, ou priaient je visage tourné vers la muraille. Toutes les fois qu'elles se rassemblaient pour prier sous la lampe ; elles déposaient leurs manteau de deuil. Je vis que les plus faibles d'entre elles prirent un peu de nourriture, les autres jeûnèrent.

Mon regard se tourna plusieurs fois vers elles et je les vis toujours prier ou marquer leur douleur de la manière que j'ai décrite.

Je voyais le saint Sépulcre et six ou sept gardes assis à l'entrée ; contre la porte du caveau se tenait Cassius, plongé dans la méditation. Les portes du tombeau étaient fermées, et la pierre était devant. Je vis pourtant encore à travers les portes le corps du Seigneur, tel qu'on l'y avait déposé, entouré de splendeur et de lumière, et deux anges en adoration.

 

L'âme de Jésus avec les âmes des bienheureux.

J'ai vu le Seigneur en différents endroits, notamment dans la mer ; il semblait sanctifier et délivrer toute la création. Partout les mauvais esprits fuyaient devant lui et se précipitaient dans l'abîme.

Je vis aussi son âme en différents endroits dans l'intérieur de la terre. Je la vis paraître dans le tombeau d'Adam, sous le Golgotha ; les âmes d'Adam et d'Eve vinrent l'y trouver, et il leur parla. Je le vis avec elles visitant sous la terre les tombeaux de plusieurs prophètes dont les âmes vinrent se joindre à lui, prés de leurs ossements. Puis, avec cette troupe élue dont David faisait partie, je le vis paraître en plusieurs lieux marqués par quelque circonstance de sa vie, leur expliquant avec un amour ineffable ce qui leur était arrivé de figuratif dans ces mêmes lieux et comment il avait accompli toutes les figures. Je la vis notamment expliquer aux âmes beaucoup d'événements figuratifs qui avaient eu lieu, sous l'ancienne loi, à l'endroit où il devait être baptisé, et je méditais avec une émotion profonde sur l'infinie miséricorde de Jésus qui les rendait, participants des fruits de son saint baptême. Il était singulièrement touchant de voir l'âme du Seigneur, accompagnée de ces âmes bienheureuses, passer comme un rayon de lumière à travers la terre, les rochers, les eaux et les airs, ou planer doucement sur la terre.

 

Samedi soir 31 mars (16 Nisan) de l'an 30

 

Le soir avant la résurrection.

MARC 16: 1. Quand le sabbat fut passé, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour aller l’embaumer. (TOB)

 

Quand le sabbat fut terminé, Jean vint trouver les saintes femmes, pleura avec elles, et leur donna des consolations. Il les quitta au bout de quelque temps ; alors Pierre et Jacques le Majeur vinrent les voir dans le même but, mais eux aussi ne restèrent pas longtemps avec elles. Les saintes femmes se retirèrent encore à part, exprimèrent encore leur douleur, en s'enveloppant dans leurs manteaux de deuil et en s'asseyant sur des cendres.

Pendant que la sainte Vierge priait intérieurement, pleine d'un ardent désir de revoir Jésus, un ange vint à elle, et lui dit de se rendre à la petite porte de Nicodème, parce que le Seigneur était proche. Le cœur de Marie fut inondé de joie ; elle s'enveloppa dans son manteau, et quitta les saintes femmes, sans dire à personne où elle allait. Je la vis aller en toute hâte à cette petite porte percée dans le mur de la ville, par laquelle ses compagnons et elle étaient rentrés en revenant du tombeau.

Il pouvait être neuf heures du soir ; la sainte Vierge approchait, à pas pressés, de cette porte, lorsque je la vis s'arrêter tout à coup en un lieu solitaire. Elle regarda avec un air de ravissement en haut du mur de la ville, et je vis l'âme du Sauveur, toute lumineuse et sans aucune marque de blessures, descendre jusqu'à Marie, accompagnée d'une troupe nombreuse d'âmes des patriarches. Jésus, se tournant vers eux, et montrant la sainte Vierge, prononça ces paroles :

“Marie, ma mère ”,

me sembla qu'il l'embrassait, puis il disparut. La sainte Vierge tomba sur ses genoux, et baisa la terre à la place où il avait apparu.

Ses genoux et ses pieds restèrent empreints sur la pierre, et elle revint, pleine d'une consolation ineffable, vers les saintes femmes qu'elle trouva occupées à préparer des onguents et des aromates. Elle ne leur dit pas ce qu'elle avait vu, mais ses forces étaient renouvelées ; elle consola toutes les autres et les fortifia dans la foi.

Lorsque Marie revint, je vis les saintes femmes près d'une longue table dont la couverture pendait jusqu'à terre. Il y avait là plusieurs paquets d'herbes qu'elles arrangeaient et mêlaient ensemble ; elles avaient aussi des flacons d'onguent et d'eau de nard, et en outre des fleurs fraîches parmi lesquelles étaient, je crois, un iris rayé ou un lys. Elles enveloppaient le tout dans des linges. Pendant l'absence de Marie, Madeleine, Marie, fille de Cléophas, Salomé, Jeanne, et Marie Salomé, étaient allées acheter tout cela à la ville. Elles voulaient le lendemain en couvrir le corps enseveli du Sauveur. Je vis les disciples en prendre une partie chez la marchande et le remettre à la porte de la maison où étaient les saintes femmes, sans y entrer eux-mêmes.

 

Joseph d'Arimathie est libéré.

Au sabbat, chefs de la synagogue, prêtres et lévites convinrent de se réunir à la synagogue le jour suivant. Les délibérations commencèrent tôt : quelle mort infligerait-on à Joseph ? Ils décidèrent de le faire comparaître séance tenante. Mais quand ils ouvrirent sa porte, ils ne le trouvèrent pas à l'intérieur. Le peuple entier fut stupéfait et même saisi de terreur quand il s'aperçut que les sceaux étaient intacts et que Caïphe avait gardé la clef. Et ils n'osèrent plus lever la main sur ceux qui devant Pilate avaient pris la défense de Jésus. (Apocryphe des Actes de Pilate)

 

Peu après le retour de la sainte Vierge auprès de ses compagnes, je vis Joseph d'Arimathie priant dans sa prison. Tout à coup le cachot fut inondé de lumière, et j'entendis une voix qui l'appelait par son nom. Le toit fut soulevé de manière à laisser une ouverture ; puis je vis une forme lumineuse lui tendre un drap qui me rappela le linceul où il avait enseveli Jésus et lui dire de s'en servir pour monter. Joseph le saisit à deux mains, et, appuyant ses pieds sur des pierres qui faisaient saillie, il s'éleva à la hauteur de dix ou douze pieds, jusqu'à l'ouverture qui se referma derrière lui. Lorsqu'il fut au haut de la tour, l'apparition s'évanouit. Je ne sais si ce fut le Sauveur lui même, ou si ce fut un ange qui le délivra.

Il suivit quelque temps le mur de la ville jusque dans le voisinage du Cénacle qui était près du mur méridional de Sion. Il descendit alors et frappa au Cénacle. Les disciples rassemblés avaient fermé les portes ; ils avaient été très affligés de la disparition de Joseph, et croyaient qu'on l'avait jeté dans un égout, parce que le bruit s'en était répandu. Lorsqu'on lui ouvrit et qu'il entra, leur joie fut grande, comme elle le fut plus tard lorsque saint Pierre fut délivré de sa prison. Il raconta ce qui lui était arrivé : ils en furent réjouis et consolés, lui donnèrent à manger et remercièrent Dieu.

Pour lui, il quitta Jérusalem dans la nuit, et s'enfuit à Arimathie, sa patrie ; il revint pourtant lorsqu'il sut qu'il n'y avait plus de danger pour lui.

Je vis aussi, vers la fin du sabbat, Caïphe et d'autres prêtres s'entretenir avec Nicodème dans sa maison. Ils lui firent plusieurs questions avec une bienveillance feinte ; je ne me souviens plus de ce que c'était. Il resta ferme dans sa foi, défendit constamment l'innocence de Jésus, et ils se retirèrent.

 

Nuit de la résurrection.

"35. Dans la nuit qui précéda le dimanche, tandis que les soldats relevaient la garde, deux par deux, une grande voix retentit dans le ciel.
36. Et ils virent s'ouvrir les cieux et deux hommes, nimbés de lumière, en descendre et s'approcher du tombeau.
37. La pierre qui avait été placée à la porte roula d'elle même, et se rangea de coté, et le tombeau s'ouvrit et les deux jeunes gens entrèrent.
38. A cette vue, les soldats réveillèrent le centurion et les Anciens, qui étaient là, eux aussi à monter la garde.
39. Et quand ils leurs eurent raconté ce qu'ils avaient vu, ils virent à nouveau trois hommes sortir du tombeau; deux d'entre eux soutenaient le troisième et une croix les suivait.
40. Et tandis que la tête des deux premiers atteignait le ciel, celle de l'homme qu'ils conduisait par la main dépassait les cieux.
41.Et l’on entendit une voix disant des cieux "As-tu annoncé la nouvelle à ceux qui dorment ?"
42. Et de la croix on entendit la réponse: " oui ".
43.Ces gens combinaient entre eux d'aller rapporter ces prodiges à Pilate.

44.Ils en débattaient encore, quand on vit à nouveau les cieux s'ouvrir et un homme descendre et entrer dans le sépulcre." (Evangile apocryphe de Pierre)

 

Bientôt après je vis le tombeau du Seigneur ; tout était calme et tranquille alentour ; il y avait six à sept gardes, les uns assis, les autres debout vis-à-vis et autour de la colline. Pendant toute la journée, Cassius n'avait presque pas quitté sa place dans le fossé, à l'entrée de la grotte. En ce moment il était encore là, dans la contemplation et dans l'attente, car il avait reçu de grandes grâces et de grandes lumières : il était éclairé et touché intérieurement. Il faisait nuit, les lanternes placées devant la grotte jetaient alentour une vive lueur.

Je m'approchai alors en esprit du saint corps pour l'adorer.

Il était enveloppé dans son linceul et entouré de lumière et reposait entre deux anges que j'avais vus constamment en adoration à la tête et aux pieds du Sauveur, depuis la mise au tombeau. Ces anges avaient l'air de prêtres ; leur posture et leurs bras croisés sur la poitrine me firent souvenir des Chérubins de l'arche d'alliance, mais je ne leur vis point d'ailes.

Du reste, le saint sépulcre tout entier me rappela souvent l'arche d'alliance à différentes époques de son histoire.

Peut-être cette lumière et la présence des anges étaient-elles visibles pour Cassius, car il était en contemplation prés de la porte du tombeau, comme quelqu'un qui adore le Saint Sacrement.
En adorant le saint corps, je vis comme si l'âme du Seigneur, suivie des âmes délivrées des patriarches, entrait dans le tombeau à travers le rocher et leur montrait toutes les blessures de son corps sacré. En ce moment, les voiles semblèrent enlevés ; je vis le corps tout couvert de plaies, c'était comme si la divinité qui y habitait eut révélé à ces âmes d'une façon mystérieuse toute l'étendue de son martyre. Il me parut transparent de manière que l'intérieur était visible ; on pouvait reconnaître dans tous leurs détails les lésions et les altérations que tant de souffrances y avaient produites, et voir jusqu'au fond de ses blessures. Les âmes étaient pénétrées d'un respect indicible mêlé de crainte et de compassion.

J'eus ensuite une vision mystérieuse que je ne puis pas bien expliquer ni raconter clairement.

Il me sembla que l'âme de Jésus, sans avoir encore rendu la vie à son corps par une complète union, sortait pourtant du sépulcre en lui et avec lui ; je crus voir les deux anges qui adoraient aux extrémités du tombeau enlever ce corps sacré, nu, meurtri, couvert de blessures, et monter ainsi jusqu'au ciel à travers les rochers qui s'ébranlaient ; Jésus semblait présenter son corps supplicié devant le trône de son Père céleste, au milieu de chœurs innombrables d'anges prosternés ; ce fut peut-être de cette manière que les âmes de plusieurs prophètes reprirent momentanément leurs corps après la mort de Jésus et les conduisirent au temple, sans pourtant revenir à la vie réelle, car elles s'en séparèrent de nouveau sans le moindre effort. Je ne vis pas cette fois les âmes des patriarches accompagner le corps du Seigneur. Je ne me souviens pas non plus où elles restèrent jusqu'au moment où je les vis de nouveau rassemblées autour de l'âme du Seigneur.

Pendant cette vision, je remarquai une secousse dans le rocher ; quatre des gardes étaient allés chercher quelque chose à la ville, les trois autres tombèrent presque sans connaissance. Ils attribuèrent cela à un tremblement de terre et en méconnurent la véritable cause. Mais Cassius fut très ému ; car il voyait quelque chose de ce qui se passait, quoique cela ne fût pas très clair pour lui. Toutefois, il resta à sa place, attendant dans un grand recueillement ce qui allait arriver. Pendant ce temps les soldats absents revinrent.

 

Entre 11 h et minuit.

 

Jésus apparaît à Marie.

PSAUME 16 (15): 8. Je garde sans cesse le SEIGNEUR devant moi,  comme il est à ma droite, je suis inébranlable.
9.Aussi mon cœur se réjouit, mon âme exulte et ma chair demeure en sûreté,
10.car tu ne m’abandonnes pas aux enfers,  tu ne laisses pas ton fidèle voir la fosse.
11.Tu me fais connaître la route de la vie ; la joie abonde près de ta face,  à ta droite, les délices éternelles. (TOB)

 

Ma contemplation se tourna de nouveau vers les saintes femmes : elles avaient fini de préparer et d'empaqueter leurs aromates et s'étaient retirées dans leurs cellules. Toutefois elles ne s'étaient pas couchées pour dormir, mais s'appuyaient seulement sur les couvertures roulées. Elles voulaient se rendre au tombeau avant le jour. Elles avaient manifesté plusieurs fois leur inquiétude, car elles craignaient que les ennemis de Jésus ne leur tendissent des embûches lorsqu'elles sortiraient, mais la sainte Vierge, pleine d'un nouveau courage depuis que son fils lui était apparu, les tranquillisa et leur dit qu'elles pouvaient prendre quelque repos et se rendre sans crainte au tombeau, qu'il ne leur arriverait point de mal. Alors elles se reposèrent un peu.

Il était à peu près onze heures de la nuit lorsque la Sainte Vierge, poussée par l'amour et par un désir irrésistible, se leva, s'enveloppa dans un manteau gris, et quitta seule la maison. Je me demandais avec inquiétude comment on laissait cette sainte mère, si épuisée, si affligée, se risquer seule ainsi au milieu de tant de dangers. Elle alla, plongée dans la tristesse, à la maison de Caïphe, puis au palais de Pilate, ce qui l'obligeait à traverser une grande partie de la ville, et elle parcourut ainsi tout le chemin de la croix à travers les rues désertes, s'arrêtant à tous les endroits où le Sauveur avait eu quelque chose à souffrir ou quelque outrage à essuyer. Elle semblait chercher un objet perdu ; souvent elle se prosternait par terre et promenait sa main sur les pierres ; après quoi elle la portait à sa bouche, comme si elle eût touché quelque chose de saint, le sang sacré du Sauveur qu'elle vénérait en y appliquant ses lèvres. L'amour produisait en elle quelque chose de surhumain ; car toutes les places sanctifiées lui apparaissaient lumineuses. Elle était absorbée dans l'amour et l'adoration.

Je l'accompagnai pendant tout le chemin et je ressentis et fis tout ce qu'elle ressentit et fit elle-même, selon la faible mesure de mes forces.

Elle alla ainsi jusqu'au Calvaire, et comme elle en approchait, elle s'arrêta tout d'un coup. Je vis Jésus avec son corps sacré apparaître devant la sainte Vierge, précédé d'un ange, ayant à ses côtés les deux anges du tombeau, et suivi d'une troupe nombreuse d'âmes délivrées. Il ne faisait aucun mouvement et semblait planer dans la lumière qui l'entourait ; mais il en sortit une voix qui annonça à sa mère ce qu'il avait fait dans les limbes, et qui lui dit qu'il allait ressusciter et venir à elle avec son corps transfiguré ; qu'elle devait l'attendre près de la pierre où il était tombé au Calvaire. L'apparition parut se diriger du côté de la ville, et la sainte Vierge, enveloppée dans son manteau, alla s'agenouiller en priant à la place qui lui avait été, désignée.

Il pouvait bien être minuit passé, car Marie était restée assez longtemps sur le chemin de la croix. Je vis alors le cortège du Sauveur suivre ce même chemin, tout le supplice de Jésus fut montré aux âmes avec ses moindres circonstances ; les anges recueillaient, d'une manière mystérieuse, toutes les portions de sa substance sacrée qui avaient été arrachées de son corps. Je vis que le crucifiement, l'érection de la croix, l'ouverture du côté, la déposition et l'ensevelissement leur furent aussi montrés. La sainte Vierge de son côté contemplait tout cela en esprit et adorait, pleine d'amour.

Il me sembla ensuite que le corps du Seigneur reposait de nouveau dans le tombeau, et que les anges y rejoignaient, d'une façon mystérieuse, tout ce que les bourreaux et leurs instruments de supplice en avaient enlevé. Je le vis de nouveau resplendissant dans son linceul, avec les deux anges en adoration à la tête et aux pieds.

Je ne puis exprimer comment je vis tout cela. Il y a là tant de choses, des choses si diverses et si inexprimables, que notre raison dans son état ordinaire n'y peut rien comprendre. D'ailleurs, ce qui est clair et intelligible quand je le vois, devient plus tard complètement obscur et je ne puis le rendre avec des paroles.

 

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Avertissement

Il est important de préciser à propos des visions de la bienheureuse Anne Catherine Emmerich qu'elles relèvent d'un don gratuit et que béatifier une mystique n'équivaut pas à une reconnaissance officielle de ses visions qui prendraient alors un caractère dogmatique. Elles sont reconnues certes comme n'allant pas à l'encontre du magister de l'Eglise et pouvant servir à certains mais n'ont pas de caractère obligatoire.

 

Remerciements:

Le site https://www.livres-mystiques.com/ réalisé par le regretté Roland Soyer rend accessibles les éditions du XIXème siècle des visions d'Anne Catherine Emmerich (Traduction de l'Abbé DE CAZALES, Chanoine de Versailles, AMBROISE BRAY, Libraire Éditeur)

Le site de l'Alliance biblique française https://lire.la-bible.net/ qui permet de lire la Bible en ligne, notamment la Traduction Œcuménique de la Bible (2010). Pour vous procurer une Bible imprimée, rendez-vous sur www.editionsbiblio.fr

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