QUI ETAIT ANNE CATHERINE EMMERICH ?

La plus grande visionnaire de tous les temps

 

VIE ET EVANGILE DE JESUS-CHRIST, JOUR APRES JOUR

 

Présentation de l'Enfant-Jésus au temple de Jérusalem.

Retour de sainte Anne à Nazareth. Reliques des rois mages.
Dernier recueillement dans la grotte de la crèche.
Départ de Bethléhem pour Jérusalem.
Attente dans une auberge avant la purification de la sainte Vierge.
La vision de Siméon.
La sainte Famille au temple de Jérusalem.
La bénédiction de Siméon.
La prophétesse Anne parle de l'Enfant-Jésus.
Départ pour la Galilée.
Les rois mages guidés par un ange.
Siméon gravement malade.
Mort de Siméon.
Arrivée de la sainte Famille chez Sainte Anne.
Joseph et Marie dans leur maison de Nazareth.
Visions sur la fête de la Chandeleur.

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Dimanche 30 décembre (17 Tevet) de l'an -5

 

annne catherine emmerich

Retour de sainte Anne à Nazareth. Reliques des rois mages.

Le dimanche 30 décembre, de très grand matin, je vis sainte Anne faire de tendres adieux à la sainte Famille et aux trois bergers, et partir pour Nazareth avec ses gens.

[La servante d'Anne repartit avec eux et je ne pus m'empêcher de m'étonner de sa singulière coiffure, qui ressemblait, à vrai dire, à une cage à coucou ; c'est ainsi que les petits paysans de chez nous appellent les chapeaux pointus qu'ils se tressent par jeu avec des ajoncs.]

Ils emportaient sur leurs bêtes de somme tout ce qui restait des présents des trois rois, et je fus très surprise de les voir prendre un petit paquet qui m'appartenait. J'eus le sentiment qu'il était parmi les leurs, et je ne pus comprendre comment il pouvait se faire que sainte Anne emportât ainsi ce qui était à moi.

Cette impression qu'eut la sœur Emmerich s'explique par ce qui va être raconté. Bientôt après ce mouvement de surprise qu'elle eut lorsqu'il lui sembla voir sainte Anne emporter de Bethléhem quelque chose qui lui appartenait, elle communiqua ce qui suit à l'écrivain :

" Sainte Anne, dit elle, a emporté en partant beaucoup de choses données par les trois rois, et spécialement des étoffes ; une grande partie de tout cela a servi dans la primitive Église, et il en est resté quelque chose jusqu'à nos jours. Il y a parmi mes reliques un petit morceau de la couverture de la petite table où étaient les présents des trois rois. et un autre morceau venant d'un de leurs manteaux."

Comme une partie de ces reliques se trouvait dans une petite armoire près du lit de la malade, tandis qu'une autre partie était dans la demeure de l'écrivain.

L'écrivain ayant pris parmi les reliques déposées chez lui ce qu'on pouvait appeler un petit paquet, et le lui ayant apporté, elle l'ouvrit aussitôt et reconnut un petit reste d'étoffe de laine jaune et un autre morceau de soie rougeâtre, comme provenant des trois rois, mais sans donner à cet égard d'explications plus précises. Elle dit ensuite :

" Je dois avoir moi-même un petit morceau d'étoffe venant des trois rois mages. Ils avaient plusieurs manteaux ; un, qui était épais et d'une étoffe serrée pour le mauvais temps ; un autre, de couleur jaune, et un autre rouge, de belle laine fine. Ces manteaux flottaient au vent quand ils marchaient. Dans les cérémonies, ils portaient des manteaux de soie sans teinture ; les bords étaient brodés d'or, et il y avait une longue queue que portaient des suivants. Je pense qu'il y a près de moi quelque pièces d'un de ces manteaux, et que c'est pour cela que j'ai vu près des trois rois, antérieurement et encore cette nuit, des scènes relatives à la production et au tissage de la soie."

Dans une contrée située a l'orient, entre le pays de Théokéno et celui de Seïr, se trouvaient des arbres de [mûrier]. Les branches étaient couvertes de vers ; on avait creusé autour de chaque arbre un petit fossé pour que les vers ne pussent pas s'en aller. Je vis souvent placer des feuilles sous ces arbres ; de petites boites étaient suspendues aux arbres, et comme on y prenait des objets ronds, plus longs que le doigt, je croyais d'abord que c'étaient des œufs d'oiseau d'une espèce rare ; mais je vis bientôt que c'étaient des coques filées par les vers, lorsque ces gens les dévidèrent et en tirèrent des fils très déliés. Ils en assujettissaient une grande quantité devant leur poitrine, et filaient avec un beau fil qu'ils roulaient sur quelque chose qu'ils tenaient à la main. Je les vis aussi tisser entre des arbres ; leur métier à tisser était très simple ; la pièce d'étoffe était à peu près large comme mon drap de lit.

Quelques jours après, elle dit :

"Mon médecin m'a souvent interrogée à propos d'un petit morceau d'étoffe de soie d'un tissu singulier. J'en ai vu dernièrement un pareil auprès de moi, et ne sais plus ce qu'il est devenu. En recueillant mes souvenirs, j'ai reconnu que c'était à cette occasion que j'avais vu ce tableau du tissage de la soie : c'était plus à l'orient que le pays des trois rois, dans un pays où alla saint Thomas. Je me suis trompée en le racontant ; il faut que le pèlerin efface cela. Ce morceau d'étoffe n'appartient pas aux trois rois ; il m'a été donné par quelqu'un qui voulait faire une expérience, sans s'inquiéter de ce qui m'occupait alors intérieurement ; il résulte de là des confusions, et tout devient obscur."

J'ai vu de nouveau les reliques, et je sais où elles sont. Il y a plusieurs années, j'ai donné à ma belle-sœur qui habite Flamske, avant ses dernières couches, un petit paquet fermé par une couture. Elle m'avait priée de lui donner une relique pour la fortifier ; je lui donnai ce petit paquet, que j'avais vu lumineux et comme ayant été autrefois en contact avec la Mère de Dieu. Je ne me souviens pas bien si je vis alors clairement tout ce qu'il contenait ; mais il procura à cette pieuse femme beaucoup de consolation. Cette nuit, je l'ai revu, elle le possède encore, il est solidement cousu. Il y a un petit morceau de tapis d'un rouge sombre, deux petites pièces d'un tissu léger comme du crêpe, de la couleur de la soie brute, quelque chose de vert qui ressemble à du coton, un petit morceau de bois et deux petits fragments de pierre blanche. J'ai fait dire à ma belle-sœur de me le rapporter.

Au bout de quelques jours, sa belle-sœur vint en effet la voir et apporta le petit paquet en question, qui était à peu près de la grosseur d'une noix. L'écrivain l'ouvrit chez lui avec soin, sépara les uns des autres les morceaux d'étoffe roulés ensemble, et les serra entre les pages d'un livre pour les aplatir. Il y avait un morceau d'étoffe de laine fort épaisse d'environ deux pouces carrés, de couleur rouge tirant sur le brun ; des morceaux longs et larges de deux doigts d'un tissu léger, semblable à de la mousseline, et dont la couleur était celle de la soie brute, puis un petit éclat de bois et deux petits fragments de pierre. Ayant plié les petits morceaux d'étoffe dans des feuilles de papier à lettre, il les lui mit sous les yeux dans la soirée. Elle ne savait pas ce que c'était et dit d'abord :

" Qu'ai-je à faire de ces lettres " ?

Puis, tenant dans sa main les papiers sans les ouvrir, elle ajouta aussitôt :

"Il faut conserver cela avec soin et n'en pas perdre un brin. L'étoffe épaisse, qui maintenant parait brune, était autrefois d'un rouge foncé. C'était une couverture, à peu près aussi grande que ma chambre ; les suivants des trois rois l'étendirent dans la grotte de la Crèche, et Marie s'y assit avec l'Enfant-Jésus pendant qu'ils présentaient l'encens. Elle l'a conservée ensuite dans la grotte et la prit sur son âne lorsqu'elle alla à Jérusalem présenter l'enfant au temple. Le tissu léger vient d'une espèce de manteau court, composé de trois bandes d'étoffe séparées et attachées à un collet, qu'ils portaient sur leurs épaules comme une étole pour les cérémonies. Le petit éclat de bois et les deux petites pierres ont été rapportés de la Terre Sainte à une époque plus récente."

Elle était alors occupée de la suite de ses visions relatives à la dernière année de la prédication de Jésus. Le 27 janvier qui précéda sa Passion, elle le vit, allant à Béthanie, s'arrêter, avec dix-sept disciples, dans une auberge de Bethléhem. Il les instruisit sur leur vocation, et célébra le sabbat avec eux. La lampe resta allumée toute la journée.

" Il y a, dit-elle, un de ces disciples qui est nouvellement venu avec lui de Sichar. Je l'ai vu très distinctement : il doit y avoir parmi mes reliques un petit fragment de ses os. Son nom ressemble à Silan ou à Vilan ; ces deux lettres s'y trouvent ".

Plus tard, elle dit Silvain. Au bout de quelque temps elle ajouta :

" J'ai vu de nouveau les petits morceaux d'étoffe venant des trois rois. Il doit y avoir encore là un petit paquet, où se trouvent entre autres choses un peu du manteau du roi Mensor, un morceau d'une couverture de soie rouge qui fut placée anciennement près du Saint Sépulcre, et un petit fragment de l'étole blanche et rouge d'un saint ".

Après avoir fait une pause, elle dit encore :

" Je vois maintenant où est ce petit paquet ; je l'ai donné, il y a deux ans et demi, à une femme d'ici pour le porter sur elle ; elle l'a encore. Je la prierai de me le rendre. Je le lui donnai pour la consoler quand on me mit en prison, à cause du grand intérêt qu'elle me portait. Je ne savais pas alors au juste ce qu'il y avait ; je voyais seulement qu'il brillait, que c'était une relique, et qu'il avait été en contact avec la mère de Dieu. Maintenant que j'ai vu avec tant de détail tout ce qui concerne les trois rois, j'ai reconnu tout ce qui, dans mon voisinage, avait quelque rapport à eux, et notamment ces reliques d'étoffe ".

Au bout de quelques jours, quand elle eut de nouveau ce petit paquet, elle le donna à ouvrir à l'écrivain, parce qu'elle était malade. Il ouvrit dans l'autre pièce ce petit paquet, fermé depuis longtemps par une forte couture, et il y trouva les objets suivants enveloppés ensemble :

1 - un petit morceau de tissu de laine très fine, sans teinture, qui, lorsqu'on voulait le déployer, s'effilait en parcelles très minces ;
2 - Deux petits morceaux d'étoffe de coton, couleur nankin d'un tissu peu serré mais pourtant assez solide de la longueur d'un doigt ;
3 - Un pouce carré d'étoffe de soie cramoisie ;
4 - un quart de pouce carré d'étoffe de soie jaune et blanche ;
5 - Un petit échantillon de soie verte et rouge ;
6 - Au milieu de tout cela, un petit papier plié où était une petite pierre blanche de la grosseur d'un pois.

L'écrivain sépara tous ces objets et les enveloppa dans autant de morceaux de papier, excepté le n° 6 qu'il laissa dans le vieux papier. Quand il s'approcha de la malade, elle ne semblait pas être dans l'état de clairvoyance ; elle était éveillée, toussait et se plaignait de vives douleurs ; pourtant elle dit bientôt :

" Qu'est-ce que ces lettres que vous avez là ? cela est tout brillant. Nous avons là des trésors qui ont plus de valeur qu'un royaume ".

Elle prit alors les différents papiers sans les ouvrir et sans regarder ce qu'ils contenaient. Après les avoir tenus successivement dans sa main, elle se fut pendant quelques instants, comme regardant intérieurement ; puis, en les rendant, elle dit ce qui suit sur leur contenu, sans faire la plus légère erreur, car l'écrivain s'en assura aussitôt en ouvrant ces papiers, qui étaient tous pliés de la même manière :

N. 1. Ceci vient d'une robe de Mensor ; c'est de la laine très fine. Elle n'avait pas de manches, mais seulement des ouvertures pour passer les bras. Une bande d'étoffe, semblable à une manche, pendait depuis les épaules jusqu'aux coudes. Elle décrivit alors très exactement la forme, la matière et la couleur de la relique.
N. 2. Ceci provient d'un manteau que les trois rois avaient laissé après eux. Elle décrivit ensuite la relique.
N. 3. Ceci est un petit morceau d'une couverture de soie rouge qui était étendue sur le sol près du Saint Sépulcre, quand les chrétiens possédaient encore Jérusalem. Lorsque les Turcs prirent la ville, elle était comme neuve. Les chevaliers la partagèrent entre eux, et chacun en emporta un morceau comme souvenir.
N. 4. Ceci vient de l'étole d'un très saint prêtre, nommé Alexis. C'était, je crois, un capucin. Il priait continuellement au Saint Sépulcre. Les Turcs lui firent subir beaucoup de mauvais traitements. Ils firent entrer des chevaux dans l'église, et placèrent une vieille femme turque entre lui et le Saint Sépulcre, à l'endroit où il priait. Mais il ne se laissa pas troubler par tout cela. Ils finirent par le murer là, et la femme lui donnait de l'eau et du pain par une ouverture. Je sais cela par beaucoup de choses qui m'ont été montrées récemment, lorsque j'ai vu le petit paquet, sans bien savoir où il se trouvait.
N. 5. Ceci n'est pas une relique, c'est cependant un objet digne de respect. Cela provient des sièges où les princes et les chevaliers s'asseyait dans l'église du Saint Sépulcre
N. 6. C'est une petite pierre de la chapelle qui est au-dessus du Saint Sépulcre, et il y a aussi un petit fragment d'ossement du disciple Silvain de Sichar.

L'écrivain lui ayant dit qu'il n'y avait pas de fragment d'ossements, elle répondit :

" Regardez et cherchez ".

Il alla dans la première pièce pour y voir plus clair, ouvrit avec précaution le papier plié, et trouva dans un pli un très petit morceau d'ossement, de forme irrégulière, de l'épaisseur de l'ongle et de la grandeur d'un demi kreutzer. Elle l'avait exactement décrit, et il le reconnut aussitôt. Tout cela se passa le soir dans sa chambre, qui n'était pas éclairée ; il n'y avait de la lumière que dans la première pièce.

A toutes les époques, il y a eu dans l'Église catholique des personnes qui, en vertu d'un don particulier, éprouvaient une vive et agréable impression à la vue ou au contact des ossements des saints et de tous les objets consacrés et sanctifiés. Vraisemblablement ce don ne s'est jamais manifesté à un aussi haut degré ni aussi constamment que chez la sœur Anne-Catherine Emmerich. Non seulement le très saint Sacrement mais encore tout ce qui avait été consacré et bénit par l'Église, particulièrement les ossements des saints et tout ce que l'Eglise désigne par le nom de reliques, était distingué par elle de toutes les autres substances semblables quant à leur nature. Ces objets sacrés lui apparaissaient brillants de lumière, et d'une lumière différemment colorée suivant leur espèce.

 

Dernier recueillement dans la grotte de la crèche.

Comme on approchait du jour où la sainte Vierge devait présenter son premier-né au temple et le racheter suivant les prescriptions de la loi, tout fut préparé pour que la sainte Famille pût d'abord aller au temple, puis retourner à Nazareth. Déjà, le dimanche 30 décembre au soir, les bergers avaient pris tout ce qu'avaient laissé après eux les serviteurs de sainte Anne. La grotte de la Crèche, la grotte latérale et celle du tombeau de Maraha étaient entièrement débarrassées, et même nettoyées. Saint Joseph les laissa parfaitement propres.

Dans la nuit du dimanche au lundi 31 décembre, je vis Joseph et Marie visiter encore une fois avec l'enfant la grotte de la Crèche, et prendre congé de ce saint lieu. Ils étendirent d'abord le tapis des trois rois à la place où Jésus était né, y posèrent l'enfant et prièrent ; puis, ils le placèrent à l'endroit où avait eu lieu la circoncision, et s'y agenouillèrent aussi pour prier.

 

Lundi 31 décembre (18 Tevet) de l'an -5

 

Départ de Bethléhem pour Jérusalem.

Bible chandelleLUC 2:22.Puis quand vint le jour où, suivant la loi de Moïse, ils devaient être purifiés, ils l’amenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur
23.– ainsi qu’il est écrit dans la loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur –
24.et pour offrir en sacrifice, suivant ce qui est dit dans la loi du Seigneur, un couple de tourterelles ou deux petits pigeons. (TOB)

 

Le lundi 31 décembre, au point du jour, je vis la sainte Vierge se placer sur l'âne, que les vieux bergers avaient amené tout harnaché devant la grotte. Joseph tint l'enfant jusqu'à ce qu'elle se fût installée commodément et le lui donna. Elle était assise sur un siège ; ses pieds, un peu relevés, reposaient sur une planchette. Elle tenait sur son sein l'enfant, enveloppé dans son grand voile, et le regardait avec bonheur. Ils n'avaient près d'eux, sur l'âne, que deux couvertures et deux petits paquets, entre lesquels Marie était assise. Les bergers leur firent de touchants adieux et les conduisirent jusqu'au chemin. Ils ne prirent pas la route par laquelle ils étaient venus, mais passèrent entre la grotte de la Crèche et celle du tombeau de Maraha, en longeant Bethléhem au levant. Personne ne les aperçut.

(30 janvier.) Aujourd'hui, je les vis suivre lentement la route, assez courte du reste, qui va de Bethléhem à Jérusalem. Ils y mirent beaucoup de temps et s'arrêtèrent souvent. A midi, je les vis se reposer sur des bancs qui entouraient un puits recouvert d'un toit. Je vis deux femmes venir près de la sainte Vierge et lui apporter deux petites cruches avec du baume et des petits pains.

L'offrande de la sainte Vierge pour le temple était dans une corbeille suspendue aux flancs de l'âne. Cette corbeille avait trois compartiments, dont deux étaient recouverts et contenaient des fruits. Le troisième formait une cage à jour où l'on voyait deux colombes.

Je les vis vers le soir, à environ un quart de lieue en avant de Jérusalem, entrer dans une petite maison, tenue par un vieux ménage qui les reçut très affectueusement. C'étaient des Esséniens, parents de Jeanne Chusa. Le mari s'occupait de jardinage, taillait les haies et était chargé de quelque chose relativement au chemin.

 

Mardi 1er janvier (19 Tevet) de l'an -4

 

Attente dans une auberge avant la purification de la sainte Vierge.

(1er février.) Je vis aujourd'hui la sainte Famille passer toute la journée chez ses vieux hôtes. La sainte Vierge fut presque tout le temps dans une chambre, seule avec l'enfant, qui était posé sur un tapis. Elle était toujours en prière et paraissait se préparer pour la cérémonie qui allait avoir lieu. J'eus à cette occasion des avertissements intérieurs sur la manière dont on doit se préparer à la sainte communion. Je vis apparaître dans la chambre plusieurs anges qui adorèrent l'Enfant-Jésus. Je ne sais pas si la sainte Vierge les vit ; mais je suis portée à le croire, car je la vis très émue. Les bons hôtes montrèrent toute espèce de prévenances envers la sainte vierge. Ils devaient avoir un pressentiment de la sainteté de l'Enfant-Jésus.

Jusqu'en 1823, dans le troisième récit de la prédication de Jésus, elle parla d'un séjour qu'il fit à Hébron, environ dix jours après la mort de saint Jean-Baptiste, elle vit Jésus, le vendredi 29 Thébet (17 janvier), faire une instruction sur la lecture du sabbat, qui était tirée de l'Exode (X-XIII), et qui traitait des ténèbres d'Egypte et du rachat des premiers nés. Elle vit à cette occasion toute la cérémonie de la présentation de Jésus dans le temple et raconta ce qui suit :

"La sainte vierge présenta l'Enfant-Jésus au temple le quarante et unième jour après sa naissance. Elle resta, à cause d'une fête, trois jours dans l'auberge située devant la porte de Bethléhem. Outre l'offrande ordinaire des colombes, elle offrit cinq petites plaques d'or de forme triangulaire provenant des présents des trois rois, et donna plusieurs pièces de belle étoffe pour les ornements du temple. Joseph, avant de quitter Bethléhem, vendit à son cousin la jeune ânesse qu'il lui avait remise en gage le 30 novembre. Je crois toujours que l'ânesse sur laquelle Jésus entra à Jérusalem le dimanche des rameaux provenait de cette bête."

 

Remarque sur la date de la Présentation de Jésus au temple.

Mathématiquement, si on compte le nombre de jours qui séparent le 25 novembre du 2 janvier, il y en a 39. En effet, alors que dans notre calendrier décembre et janvier comportent 31 jours, avec le décalage d'un mois entre les dates vues par Anne Catherine par rapport aux dates célébrées par l'Eglise, novembre ne comportant que 30 jours, la Présentation de Jésus au temple devrait avoir lieu le 3 janvier, à l'issue des 40 jours. Si, comme le dit Anne Catherine, 41 jours séparaient Noël de la Présentation de Jésus au temple, alors cette Présentation a due avoir lieu le 4 janvier ; mais nous n'avons aucune certitude.

 

La vision de Siméon.

LUC 2:25 "Or, il y avait à Jérusalem un homme du nom de Syméon. Cet homme était juste et pieux, il attendait la consolation d’Israël et l’Esprit Saint était sur lui.
26.Il lui avait été révélé par l’Esprit Saint qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur." (TOB)

 

Le soir, vers sept heures, j'eus une vision relative au vieux Siméon.

C'était un homme maigre, très âgé, avec une barbe courte. Il était prêtre, avait une femme et trois fils, dont le plus jeune pouvait avoir vingt ans. Je vis Siméon, qui habitait tout contre le temple, se rendre, par un passage étroit et obscur, dans une petite cellule voûtée qui était pratiquée dans les gros murs du temple. Je n'y vis rien qu'une ouverture par laquelle on pouvait voir dans l'intérieur du temple. J'y vis le vieux Siméon agenouillé et ravi en extase pendant sa prière. Un ange lui apparut et l'avertit de remarquer le lendemain matin l'enfant qui serait présenté le premier, parce que cet enfant était le Messie, après lequel il avait si longtemps soupiré. Il ajouta qu'il mourrait peu de temps après l'avoir vu. C'était un merveilleux spectacle ; la cellule était brillante de clarté, et le saint vieillard était rayonnant de joie. Je le vis ensuite revenir dans sa demeure et raconter, tout joyeux, à sa femme, ce qui lui avait été annoncé. Quand sa femme fut allée se reposer, je le vis de nouveau se mettre en prière.

Je n'ai jamais vu les pieux Israélites ni leurs prêtres faire, pendant leur prière, ces contorsions exagérées que font les Juifs d'à présent ; mais je les vis quelquefois se donner la discipline. Je vis aussi la prophétesse Anne prier dans sa cellule du temple, et avoir une vision touchant la présentation de l'Enfant-Jésus.

 

Vendredi 4 janvier (22 Tevet) de l'an -4

 

La sainte Famille au temple de Jérusalem.

EXODE 13:11.Alors, quand le SEIGNEUR t’aura fait entrer dans le pays du Cananéen – comme il l’a juré à toi et à tes pères – et qu’il te l’aura donné,
12.tu feras passer au SEIGNEUR tout ce qui ouvre le sein maternel et tout ce qui ouvre la matrice du bétail qui t’appartient : les mâles sont au SEIGNEUR !
13.Tout premier-né des ânes, tu le rachèteras par un mouton. Si tu ne le rachètes pas, tu lui rompras la nuque. Tout premier-né d’homme parmi tes fils, tu le rachèteras.
14.Alors, quand ton fils te demandera demain : “Pourquoi cela ?”, tu lui diras : “C’est à main forte que le SEIGNEUR nous a fait sortir d’Egypte, de la maison de servitude.
15.En effet, comme le Pharaon faisait des difficultés pour nous laisser partir, le SEIGNEUR tua tout premier-né au pays d’Egypte, du premier-né de l’homme au premier-né du bétail. C’est pourquoi je sacrifie au SEIGNEUR tout mâle qui ouvre le sein maternel, mais tout premier-né de mes fils, je le rachète.” (TOB)

 

(2 février.) Ce matin, avant le jour, je vis la sainte Famille, accompagnée de ses hôtes, quitter son auberge avec les corbeilles où étaient les offrandes, et se rendre au temple de Jérusalem. Ils entrèrent d'abord dans une cour entourée de mur attenante au temple. Pendant que saint Joseph et son hôte plaçaient l'âne sous un hangar, la sainte Vierge fut accueillie très amicalement par une femme âgée, qui la conduisit plus loin par un passage couvert. Elles avaient une lanterne, car il faisait encore sombre. Dès leur entrée dans ce passage, le vieux Siméon vint au-devant de Marie. Il lui adressa quelques paroles qui exprimaient sa joie, prit l'enfant qu'il serra contre son cœur, et revint en hâte au temple par un autre chemin. Ce que l'ange lui avait dit la veille lui avait inspiré un si vif désir de voir l'enfant après lequel il avait si longtemps soupiré, qu'il était venu là attendre l'arrivée des femmes. Il portait de longs vêtements comme les prêtres hors de leurs fonctions. Je l'ai vu souvent dans le temple, et toujours en qualité de prêtre, mais qui n'occupait pas un rang élevé dans la hiérarchie. Il se distinguait seulement par sa grande piété, sa simplicité et ses lumières.

La sainte Vierge fut conduite par la femme qui lui servait de guide jusqu'au vestibule du temple où la présentation devait avoir lieu ; elle y fut reçue par Anne et par Noémi, son ancienne maîtresse, lesquelles habitaient l'une et l'autre de ce côté du temple. Siméon, qui était venu de nouveau à la rencontre de la sainte Vierge, la conduisit au lieu où se faisait le rachat des premiers-nés ; Anne, à laquelle saint Joseph donna la corbeille où était l'offrande, la suivit avec Noémi. Les colombes étaient dans le dessous de la corbeille ; la partie supérieure était remplie de fruits. Saint Joseph se rendit par une autre porte au lieu où se tenaient les hommes.

On savait dans le temple que plusieurs femmes devaient venir pour la présentation de leurs premiers-nés, et tout était préparé.

Le lieu où la cérémonie eut lieu était aussi grand que l'église principale de Dulmen.

Contre les murs étaient des lampes allumées qui formaient toujours une pyramide. La flamme sortait à l'extrémité d'un conduit recourbé par un bec d'or qui brillait presque autant qu'elle. A ce bec était attaché par un ressort une espèce de petit éteignoir qui, relevé en haut, éteignait la lumière sans qu'elle répandit d'odeur, et qu'on retirait par en bas lorsqu'on voulait allumer.

Devant une espèce d'autel, au coin duquel se trouvaient comme des cornes, plusieurs prêtres avaient apporté un coffret quadrangulaire un peu allongé, qui formait le support d'une table assez large sur laquelle était posée une grande plaque. Ils mirent par-dessus une couverture rouge, puis une autre couverture blanche transparente, qui pendait tout autour jusqu'à terre. Aux quatre coins de cette table turent placées des lampes allumées à plusieurs branches ; au milieu, autour d'un long berceau, deux plats ovales et deux petites corbeilles.

Ils avaient tiré tous ces objets des compartiments du coffre, où ils avaient pris aussi des habits sacerdotaux, qu'on avait placés sur un autel fixe. La table, dressée pour les offrandes, était entourée d'un grillage. Des deux côtés de cette pièce du temple il y avait des rangées de sièges, dont l'une était plus élevée que l'autre ; il s'y trouvait des prêtres qui priaient.

 

La bénédiction de Siméon.

Bible chandelleLUC 2:27.Il vint alors au temple poussé par l’Esprit ; et quand les parents de l’enfant Jésus l’amenèrent pour faire ce que la Loi prescrivait à son sujet,
28.il le prit dans ses bras et il bénit Dieu en ces termes :
29.« Maintenant, Maître, c’est en paix, comme tu l’as dit, que tu renvoies ton serviteur.
30.Car mes yeux ont vu ton salut,
31.que tu as préparé face à tous les peuples :
32.lumière pour la révélation aux païens et gloire d’Israël ton peuple. »
33.Le père et la mère de l’enfant étaient étonnés de ce qu’on disait de lui.
34.Syméon les bénit et dit à Marie sa mère : « Il est là pour la chute ou le relèvement de beaucoup en Israël et pour être un signe contesté
35.– et toi-même, un glaive te transpercera l’âme ; ainsi seront dévoilés les débats de bien des cœurs. » (TOB)

 

Siméon s'approcha alors de la sainte Vierge, qui tenait dans ses bras l'Enfant-Jésus enveloppé dans une étoffe bleu de ciel et la conduisit par la grille à la table des offrandes, où elle plaça l'enfant dans le berceau. A partir de ce moment, je vis le temple rempli d'une lumière dont rien ne peut rendre l'éclat.

Je vis que Dieu y était, et au-dessus de l'enfant, je vis les cieux ouverts jusqu'au trône de la très sainte Trinité.

Siméon reconduisit ensuite la sainte Vierge au lieu où se tenaient les femmes derrière un grillage. Marie portait un vêtement couleur bleu de ciel et un voile blanc ; elle était enveloppée dans un long manteau d'une couleur tirant sur le jaune.

Siméon alla ensuite à l'autel fixe, sur lequel étaient placés les vêtements sacerdotaux. Lui et trois autres prêtres s'habillèrent pour la cérémonie. Ils avaient au bras une espèce de petit bouclier, et sur la tête une sorte de mitre. L'un d'eux se tenait derrière la table des offrandes, l'autre devant ; deux autres étaient aux petits côtés, et ils récitaient des prières sur l'enfant.

La prophétesse Anne vint alors près de Marie, lui présenta la corbeille des offrandes, qui renfermait dans deux compartiments, placés l'un au-dessous de l'autre, des fruits et des colombes, et la conduisit au grillage qui était devant la table des offrandes ; elle resta là debout. Siméon, qui se tenait devant la table, ouvrit la grille, conduisit Marie devant la table, et y plaça son offrande. Dans un des plats ovales on plaça des fruits, dans l'autre des pièces de monnaie ; les colombes restèrent dans la corbeille.

Siméon resta avec Marie devant l'autel des offrandes le prêtre, placé derrière l'autel, prit l'Enfant-Jésus, l'éleva en l'air en le présentant vers différents côtés du temple et pria longtemps. Il donna ensuite l'enfant à Siméon qui le remit sur les bras de Marie, et lut des prières dans un rouleau placé près de lui sur un pupitre.

Siméon reconduisit alors la sainte Vierge devant la balustrade, d'où elle fut ramenée par Anne, qui l'attendait là, à la place où se tenaient les femmes ; il y en avait là une vingtaine, venues pour présenter au temple leurs premiers-nés. Joseph et d'autres hommes se tenaient plus loin, à l'endroit qui leur était assigné. Alors les prêtres, qui étaient devant l'autel, commencèrent un service avec des encensements et des prières ; ceux qui se trouvaient sur les sièges y prirent part en faisant quelques gestes, mais non exagérés comme ceux des Juifs d'aujourd'hui. Quand cette cérémonie fut finie, Siméon vint à l'endroit où se trouvait Marie, reçut d'elle l'Enfant-Jésus, qu'il prit dans ses bras, et, plein d'un joyeux enthousiasme, parla de lui longtemps, et en termes très expressifs. Il remercia Dieu d'avoir accompli sa promesse, et dit, entre autres choses :

"C'est maintenant Seigneur, que vous renvoyez votre serviteur en paix selon votre parole ; car mes yeux ont vu votre salut que vous avez préparé devant la face de tous les peuples la lumière qui doit éclairer les nations et glorifier votre peuple d'Israël ".

Joseph s'était rapproché après la présentation; ainsi que Marie, il écouta avec respect les paroles inspirées de Siméon, qui les bénit tous deux, et dit à Marie :

" Voici que celui-ci est placé pour la chute et pour la résurrection de plusieurs dans Israël, et comme un signe de contradiction ; un glaive traversera ton âme, afin que ce qu'il y a dans beaucoup de cœurs soit révélé ".

 

La prophétesse Anne parle de l'Enfant-Jésus.

Bible chandelleLUC2:36.Il y avait aussi une prophétesse, Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Elle était fort avancée en âge ; après avoir vécu sept ans avec son mari,
37.elle était restée veuve et avait atteint l’âge de quatre-vingt-quatre ans. Elle ne s’écartait pas du temple, participant au culte nuit et jour par des jeûnes et des prières.
 38.Survenant au même moment, elle se mit à célébrer Dieu et à parler de l’enfant à tous ceux qui attendaient la libération de Jérusalem. (TOB)

 

Quand le discours de Siméon fut fini, la prophétesse Anne fut aussi inspirée, parla longtemps de l'Enfant-Jésus, et appela sa mère bienheureuse.

Je vis les assistants écouter tout cela avec émotion, mais pourtant sans qu'il en résultat aucun trouble ; les prêtres même semblèrent en entendre quelque chose. Il semblait que cette manière enthousiaste de prier à haute voix ne fût pas tout à fait une chose inaccoutumée, que des choses semblables arrivassent souvent, et que tout dût se passer ainsi. Tous donnèrent à l'enfant et à sa mère de grandes marques de respect. Marie brillait comme une rose céleste.

La sainte Famille avait présenté, en apparence, la plus pauvre des offrandes ; mais Joseph donna secrètement au vieux Siméon et à la prophétesse Anne beaucoup de petites pièces jaunes triangulaires, lesquelles devaient profiter spécialement aux pauvres vierges élevées dans le temple, et hors d'état de payer les frais de leur entretien.

Je vis ensuite la sainte Vierge, tenant l'enfant dans ses bras, reconduite par Anne et Noémi à la cour où elles l'avaient prise et où elles se firent réciproquement leurs adieux. Joseph y était déjà avec les deux hôtes ; il avait amené l'âne sur lequel Marie monta avec l'enfant, et ils partirent aussitôt du temple, traversant Jérusalem en allant dans la direction de Nazareth.

Je n'ai pas vu la présentation des autres premiers-nés amenés aujourd'hui ; mais j'ai le sentiment que tous reçurent des grâces particulières, et que beaucoup d'entre eux furent du nombre des saints innocents égorgés par ordre d'Hérode.

La cérémonie de la Présentation dut être terminée ce matin, vers neuf heures ; car c'est alors que je vis partir la sainte Famille.

 

Départ pour la Galilée.

LUC 2:39.Lorsqu’ils eurent accompli tout ce que prescrivait la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth. (TOB)

 

Ils allèrent ce jour-là jusqu'à Béthoron, et passèrent la nuit dans la maison qui avait été le dernier gîte de la sainte Vierge, treize ans avant, lorsqu'elle fut conduite au temple. La maison me parut habitée par un maître d'école. Des gens, envoyés par sainte Anne, les attendaient là pour les prendre avec eux. Ils revinrent à Nazareth par un chemin beaucoup plus direct que celui qu'ils avaient pris en allant à Bethléhem, lorsqu'ils évitaient les bourgs et n'entraient que dans les maisons isolées.

Joseph avait laissé chez son parent la jeune ânesse qui lui avait montré le chemin dans le voyage à Bethléhem ; car il pensait toujours revenir à Bethléhem, et à se construire une demeure dans la vallée des bergers. Il avait parlé de ce projet aux bergers, et il leur avait dit qu'il voulait seulement que Marie passât un certain temps chez sa mère pour se remettre des fatigues de son mauvais gîte. Il avait, à cause de cela, laissé beaucoup de choses chez les bergers.

Joseph avait avec lui une singulière espèce de monnaie qu'il avait reçue des trois rois. Il avait à sa robe une espèce de poche intérieure où il portait une quantité de feuilles de métal jaunes, minces, brillantes et repliées les unes sur les autres. Elles étaient carrées, avec les coins arrondis ; il y avait quelque chose de gravé. Les pièces d'argent que reçut Judas pour prix de sa trahison étaient plus épaisses et en forme de langue.

 

Les rois mages guidés par un ange.

Pendant ces jours-là, je vis les trois saints rois réunis au delà d'une rivière. Ils firent une halte d'un jour et célébrèrent une fête. Il y avait là une grande maison entourée de plusieurs autres petites. Au commencement, ils voyageaient très vite ; mais, à dater de leur halte actuelle, ils allèrent beaucoup plus lentement qu'ils n'étaient venus. Je vis toujours en avant de leur cortège un jeune homme resplendissant qui leur parlait quelquefois.

 

Siméon gravement malade.

(3 janvier.) Siméon avait une femme et trois fils, dont l'aîné pouvait avoir quarante ans et le plus jeune vingt ans. Tous trois étaient employés au temple. Plus tard, ils furent constamment les amis secrets de Jésus et des siens. Ils devinrent disciples du Seigneur, soit avant sa mort, soit après son ascension. Lors de la dernière cène, l'un d'eux prépara l'agneau pascal pour Jésus et les apôtres. Je ne sais pourtant pas si tous ceux-là n'étaient pas peut-être des petits fils de Siméon. Lors de la première persécution qui eut lieu après l'Ascension, ils rendirent de grands services aux amis du Sauveur. Siméon était parent de Séraphia, qui reçut le nom de Véronique, et aussi de Zacharie par le père de celle-ci.

Je vis que Siméon, étant revenu chez lui après avoir prophétisé à la présentation de Jésus, tomba aussitôt malade ; il n'en témoigna pas moins une grande joie dans les discours qu'il tint à sa femme et à ses fils.

 

Remarque sur la date de la Mort de Siméon.

D'après le récit, il semble peu probable que la mort et l'ensevelissement de Siméon aient eu lieu pendant le sabbat, dont il n'est pas fait non-plus mention. Siméon a probablement quitté ce monde assez rapidement le dimanche ou le lundi suivant. A moins que la Présentation de l'Enfant-Jésus n'ai pas eu lieu le vendredi 4 mais le jeudi 3 janvier soit 40 jours après sa naissance et que les obsèques de Siméon aient eu lieu dans la soirée du jeudi 3 janvier.

 

Janvier (Tevet) de l'an -4

 

Mort de Siméon.

Je vis cette nuit que c'était aujourd'hui qu'il devait mourir. De tout ce que je vis à ce sujet, je ne me rappelle que ce qui suit :

Siméon, sur son lit de mort, adressa à sa femme et à ses enfants des exhortations touchantes ; il leur parla du salut qui était venu pour Israël et de tout ce que l'ange lui avait annonce, en termes très forts et avec une joie touchante. Je le vis ensuite mourir paisiblement. Sa famille le pleura en silence. Il y avait autour de lui beaucoup de prêtres et de Juifs qui priaient.

Je vis ensuite qu'ils portèrent son corps dans une autre pièce. Il fut placé là sur une planche percée de plusieurs ouvertures, et ils le lavèrent avec des éponges sous une couverture, en sorte qu'ils ne le virent pas à nu. L'eau coulait par les ouvertures de la planche dans un bassin de cuivre placé au-dessous. Ils placèrent ensuite sur lui de grandes feuilles vertes, l'entourèrent de beaux bouquets d'herbes, et l'ensevelirent dans un grand drap, où il fut enveloppé à l'aide d'une longue bandelette, comme un enfant au maillot. Son corps était raide et si inflexible, que je croyais presque qu'il était attaché sur la planche.

Le soir il fut mis au tombeau. Six hommes le portèrent, avec des lumières, sur une planche qui avait à peu près la forme du corps, avec un rebord peu élevé des quatre côtés. Sur cette planche reposait le corps enveloppé, sans être recouvert par-dessus. Les porteurs et le cortège allaient plus vite qu'on ne va dans nos enterrements. Le tombeau était sur une colline peu éloignée du temple. Le caveau où il fut déposé avait à l'extérieur la forme d'un monticule, où se trouvait adaptée, à l'extérieur, une porte oblique, maçonnée à l'intérieur d'une façon particulière.

Les parois, comme dans la cellule de la sainte Vierge au temple, étaient ornées de fleurs et d'étoiles, formées de pierres de différentes couleurs Le petit caveau où ils placèrent Siméon n'offrait que juste assez d'espace pour qu'on pût circuler autour du corps. Il y avait encore certains usages particuliers lors des enterrements ; on mettait près des morts des pièces de monnaie, des petites pierres, et aussi, je crois, des aliments. Je ne m'en souviens plus très bien.

 

Arrivée de la sainte Famille chez Sainte Anne.

Je vis le soir la sainte Famille arrivée dans la maison d'Anne, à une demi lieue de Nazareth, vers la vallée de Zabulon. Il y eut une petite fête de famille du genre de celle qui avait eu lieu lors du départ de Marie pour le temple. La fille aînée d'Anne, Marie d'Héli, était présente. L'âne était déchargé. Ils voulaient rester là un certain temps. Tous accueillirent l'Enfant-Jésus avec une grande joie ; mais cette joie était paisible et tout intérieure. On fit un petit festin. Les femmes mangèrent, comme toujours, séparées des hommes.

Je n'ai jamais rien vu de très passionné chez tous ces personnages. Il y avait aussi là de vieux prêtres.

Je vis encore la sainte Famille chez Anne. Il y avait quelques femmes : la fille aînée d'Anne, Marie Héli, avec sa fille, Marie de Cléophas, puis une femme du pays d'Elisabeth, et la servante qui s'était trouvée près de Marie à Bethléhem. Cette servante, après avoir perdu son mari qui ne s'était pas bien conduit envers elle, n'avait pas voulu se remarier et elle était venue à Juttah, chez Elisabeth, où Marie l'avait connue lors de sa visite à sa cousine ; de là, cette veuve était venue chez Anne. Je vis aujourd'hui Joseph faire plusieurs paquets chez Anne et aller avec la servante à Nazareth, précédant des ânes, qui étaient au nombre de deux ou de trois.

Je ne me souviens plus en détail de tout ce que j'ai vu aujourd'hui dans la maison de sainte Anne ; mais je dois y avoir eu de vives impressions, car j'y avais une ardeur pour la prière dont je ne comprends peut-être plus bien la cause.
Avant d'aller chez Anne, je me trouvai en esprit prés d'un couple de jeunes mariés qui nourrissent leur vieille mère ; tous deux sont maintenant atteints d'une maladie mortelle, et s'ils n'en guérissent pas, leur mère sera sans ressource. Je connais cette pauvre famille, mais je n'en ai pas entendu parler depuis longtemps. Dans les cas désespérés, j'invoque toujours la sainte mère de Marie ; et aujourd'hui, comme j'étais chez elle en vision, je vis dans son jardin, malgré la saison, beaucoup de poires, de prunes et d'autres fruits pendants aux arbres, quoiqu'ils n'eussent plus de feuilles ; je voulus les cueillir en m'en allant, et je portai les poires aux époux malades, qui ont été guéris par là. Il me fallut ensuite en donner à beaucoup de pauvres âmes, connues et inconnues, qui en furent soulagées. Vraisemblablement ces fruits signifient des grâces obtenues par l'intercession de sainte Anne. Je crains que ces fruits n'indiquent pour moi beaucoup de douleurs et de souffrances ; j'éprouve toujours cela lors de semblables visions où je cueille des fruits dans les jardins des saints, car il faut toujours payer cela cher. Je ne sais pas bien pourquoi je cueillis ces fruits dans le jardin de sainte Anne ; peut-être ces personnes et ces âmes sont-elles sous la protection particulière de sainte Anne, en sorte que les fruits de la grâce doivent provenir pour elles de son jardin ; ou peut-être cela eut-il lieu parce qu'elle est particulièrement secourable dans les circonstances désespérées, ainsi que je l'ai toujours reconnu.

Comme on demandait à la sœur comment elle voyait le climat de la Palestine dans cette saison, elle répondit : J'oublie toujours de le dire, parce que tout cela me parait si naturel, qu'il me semble que tout le monde doit le savoir.

Je vois souvent de la pluie et du brouillard, quelquefois aussi un peu de neige, mais qui fond tout de suite. Je vois souvent des arbres sans feuilles où pendent encore des fruits. Je vois plusieurs récoltes dans l'année ; je vois déjà faire la moisson dans la saison qui correspond à notre printemps. Dans l'hiver, je vois les gens qui sont sur les chemins, tout enveloppés ; ils ont leurs manteaux sur la tête.

 

Joseph et Marie dans leur maison de Nazareth.

(Le 6.) Aujourd'hui, dans l'après midi, je vis la sainte Vierge, accompagnée de sa mère qui portait l'Enfant-Jésus, se rendre dans la maison de Joseph, à Nazareth. Le chemin est très agréable ; il a environ une demi lieue de long, et passe entre des collines et des jardins.

Anne envoie des aliments à Joseph et à Marie dans leur maison de Nazareth. Combien tout est touchant dans la sainte Famille ! Marie est comme une mère et en même temps comme la servante la plus soumise du saint enfant ; elle est aussi comme la servante de saint Joseph. Joseph est vis-à-vis d'elle comme l'ami le plus dévoué et comme le serviteur le plus humble. Combien je suis touchée de voir la sainte Vierge remuer et retourner le petit Jésus comme un enfant qui ne peut s'aider lui-même !

"Quand on songe que c'est le Dieu de miséricorde qui a créé le monde, et qui, par amour, se laisse ainsi mouvoir en tous sens, combien on est douloureusement affecté de la dureté, de la froideur et de l'égoïsme des hommes !"

 

Visions sur la fête de la Chandeleur.

La fête de la Chandeleur me fut montrée dans un grand tableau difficile à expliquer ; je raconterai comme Je le puis ce que j'ai vu passer devant mes yeux.

Je vis une fête dans cette église diaphane, planant au-dessus de, la terre, qui me représente l'Église Catholique en général, quand j'ai à contempler, non telle église en particulier ; mais l'Eglise en tant qu'Église. Je la vis pleine de chœurs d'anges qui entouraient la très sainte Trinité. Comme je devais voir la seconde personne de la très sainte Trinité dans l'Enfant-Jésus présenté et racheté au temple, lequel était pourtant présent aussi dans la très sainte Trinité, ce fut comme dernièrement, lorsque je crus que l'Enfant-Jésus était près de moi et me consolait pendant que je voyais en même temps une image de la très sainte Trinité.

Je vis donc près de moi l'apparition du Verbe incarné, l'Enfant-Jésus uni à la très sainte Trinité par une voie lumineuse. Je ne puis pas dire qu'il ne fût pas là parce qu'il était près de moi ; je ne puis pas dire non plu qu'il ne fût pas près de moi parce qu'il était là, et cependant, au moment où je sentis vivement la présence de l'Enfant-Jésus près de moi, je vis la figure sous laquelle m'était montrée la sainte Trinité autrement que lorsqu'elle m'est présentée seulement comme l'image de la Divinité.

Je vis paraître un autel au milieu de l'église. Ce n'était pas comme un autel de nos jours dans nos églises actuelles, mais un autel en général. Sur cet autel, je vis un petit arbre avec de grandes feuilles pendantes, de l'espèce de l'arbre de la science du bien et du mal dans le Paradis. Je vis ensuite la sainte Vierge avec l'Enfant-Jésus sur les bras sortir pour ainsi dire de terre devant l'autel, et l'arbre qui était sur l'autel se pencher devant elle et se flétrir ; puis, je vis un ange revêtu d'habits sacerdotaux, n'ayant qu'un anneau autour de la tête, s'approcher de Marie. Elle lui donna l'enfant qu'il posa sur l'autel, et dans le même instant, je vis l'enfant passer dans l'image de la sainte Trinité, qui m'apparut cette fois dans sa forme ordinaire.

Je vis l'ange donner à la Mère de Dieu un petit globe brillant sur lequel était une figure semblable à un enfant emmailloté, et, Marie l'ayant reçu, plana au-dessus de l'autel. De tous les côtés, je vis venir à elle des bras portant des flambeaux, et elle présenta tous ces flambeaux à l'enfant qui était sur le globe, dans lequel ils entrèrent aussitôt. Je vis tous ces flambeaux former au-dessus de Marie et de l'enfant une lumière et une splendeur qui illuminaient tout. Marie avait un ample manteau étalé sur toute la terre. Puis tout cela devint comme la célébration d'une fête.

Je crois que le dessèchement de l'arbre de la science lors de l'apparition de Marie et l'absorption de l'enfant offert sur l'autel dans la sainte Trinité devaient être une image de la réconciliation des hommes avec Dieu. C'est pourquoi je vis toutes les lumières dispersées présentées à la Mère de Dieu, et remises par celle-ci à l'Enfant-Jésus, lequel était la lumière qui éclaire tous les hommes, dans lequel seul toutes les lumières dispersées redeviennent une seule lumière qui illumine le monde entier, représenté par ce globe comme par le globe impérial. Les lumières présentées indiquaient la bénédiction des cierges à la fête d'aujourd'hui.

 

Remarque sur les textes supplémentaires d'après Joachim BOUFLET

Entre crochets [...] et de couleur bleu clair sont ajoutés au texte original de la traduction française de "VIE DE LA SAINTE VIERGE MARIE, MERE DE JESUS." (Publiée en 1854, Traduction de l'Abbé DE CAZALES) des extraits de "LA VIE DE LA VIERGE MARIE. Traduit par Joachim BOUFLET" publiée aux Presses de la Renaissance (2006).

En effet, d'après Joachim BOUFLET, l'Abbé DE CAZALES a écarté de sa traduction française divers passages du texte original allemand de 1852. Ces passages manquants sont ainsi restaurés dans son livre. Quelques-uns figurent dans ces pages.

Un grand merci à Joachim BOUFLET pour le dévoilement de ces extraits inédits en français jusqu'en 2006.

 

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Avertissement

Il est important de préciser à propos des visions de la bienheureuse Anne Catherine Emmerich qu'elles relèvent d'un don gratuit et que béatifier une mystique n'équivaut pas à une reconnaissance officielle de ses visions qui prendraient alors un caractère dogmatique. Elles sont reconnues certes comme n'allant pas à l'encontre du magister de l'Eglise et pouvant servir à certains mais n'ont pas de caractère obligatoire.

 

Remerciements:

Le site https://www.livres-mystiques.com/ réalisé par le regretté Roland Soyer rend accessibles les éditions du XIXème siècle des visions d'Anne Catherine Emmerich (Traduction de l'Abbé DE CAZALES, Chanoine de Versailles, AMBROISE BRAY, Libraire Éditeur)

Le site de l'Alliance biblique française https://lire.la-bible.net/ qui permet de lire la Bible en ligne, notamment la Traduction Œcuménique de la Bible (2010). Pour vous procurer une Bible imprimée, rendez-vous sur www.editionsbiblio.fr

Joachim BOUFLET pour son livre "La vie de la Vierge Marie." publié aux Presses de la Renaissance (2006). Connue sous le nom des Presses de la Renaissance, la collection « Renaissance » intègre les éditions Plon en octobre 2021.

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